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Y a des jours où… – Par Noémie Ouellet

Y a des jours où…

Je lâcherais ma job.

J’achèterais un billet d’avion aller simple.

Et j’irais à Vancouver.

Ou à Toronto.

Ou en Australie.

Ou en camping dans la forêt de Portland.

Ah pis pourquoi pas les quatre !

Toute seule ? Je sais pas, peut-être.

Je m’inquièterais pas de ce que ça coûte, des dépenses reliées à cette folie.

Je ferais juste partir, avec mon sac à dos rempli.

J’appellerais ma mère pour lui dire que je l’aime.

J’irais me faire accroire que j’ai une autre vie, dans un autre pays, pour être réellement celle que je suis.

J’arrêterais d’angoisser avec les engagements que j’ai pris.

Dieu sait que j’en ai.

L’université, les amis, la famille, l’entraînement, le travail.

Je suis heureuse pourtant d’avoir une vie si remplie. Mais des fois, j’aimerais pouvoir faire pause et m’évader un peu. Aller voir comment on vit ailleurs. C’est-tu mieux ? C’est-tu pire ?

Je voudrais voir des nouveaux paysages, pleurer parce que je suis complètement égarée face à mes référents culturels.

Parce qu’aujourd’hui, je m’en fais beaucoup trop avec les: il faut et les tu devrais.

Terminer mon BAC, travailler pour payer ce même BAC, pour m’acheter une voiture, pour pouvoir sortir avec mes amis souper de temps en temps, aller à mon entraînement de natation avant qu’il soit trop tard, pas trop aller au café du coin souvent, réduire mes dépenses pour pas trop m’endetter avant la fin de mes études. Boire mon café à tous les matins, qui goûte pareil, dans un maudit thermos. Pis qui est même pas bon, mais qui coûte moins cher.

C’est toujours une course folle. Être en vacances, mais se sentir pire que quand on était à l’école. Savoir que notre quotidien est réglé au quart de tour pour les 4 prochains mois. Pas de trou, pas d’incertitude, pas de temps disponible qui s’étale davantage que sur une demie journée.

On dirait une spirale sans fin d’engagements, de choses à faire, d’étapes à franchir avant d’atteindre quelque chose d’innommable mais qui fait qu’on est un adulte.

Toute ça, ça donne le goût de partir en maudit des fois.

Ça devient dur de « vivre » dans un quotidien qui devient vite monotone, pareil, routinier, sans défi.

T’as juste le goût de toute crisser là et t’en aller. Sauf que tu peux pas si facilement. Tu te dis que tu vas attendre au bon moment, mais ce bon moment-là arrive jamais. Parce que c’est toi qui doit le choisir ce moment-là.

Je peux vous dire que j’espère que, bientôt, je serai capable de mettre mes culottes et de le choisir mon moment. Parce que la liberté est accessible, mais demande du guts en maudit.

Devoir choisir entre notre désir d’aventure et notre sens du devoir est une chose bien fâchante. Parce que je crois sincèrement que si on prend pas le temps LÀ de partir et d’aller voir ce qu’on veut voir, le temps va finir par avancer et les obligations de grande personne, nous rattraper.

J’devrais aller me faire un café, bonne soirée là !

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