On avait colorié nos enfances de rêves en cire, mais le réchauffement climatique a tout fait fondre. On avait aussi placé, déplacé et replacé chaque grain de sable aligné aux étoiles, mais la Terre tourne tourne tourne et ne cesse jamais de tourner donc tout est toujours à recommencer. Puis on avait fait les mathématiques de nos vies en devoirs et sans retard lors de la remise, mais les additions se sont changées en soustractions et tout était à recommencer une fois de plus.
Puis on s’est fait siffler le proverbe de l’instant présent sans vraiment comprendre ce qu’il signifiait. Parce que les devoirs doivent se faire avant la vie et qu’on passe la vie à cartographier la vie sans même la vivre, mais il est où le sens dans toute cette histoire? Même si on faisait les plus grands calculs du monde, même si on coloriait les plus grandes cartes d’une vie et même si on ramassait tous les sables des plus grandes plages jamais marchées, il y aura toujours un grain ou deux qui nous échappera.
Ou cent, ou mille, ou cent mille, ou encore cent millions.
La vérité, c’est qu’à peu près tout nous échappe. La vie est une fluidité et il est impossible de la transformer à l’état solide. C’est scientifiquement ainsi. La seule logique qui fait du sens est celle de maintenant. C’est tout ce qui nous est réellement donné sans être repris. Et c’est ok. Très ok.
Parce que ce serait le sommeil si on pouvait tout prédire. Imaginez, écouter un film sans surprise, sans mystère, sans curiosité. Écouter un film en sachant exactement tout ce qui se passera à la seconde près. On passerait notre vie entière à dormir sur le sofa et à se casser les dents contre du popcorn même pas éclaté.
Malgré toutes les stratégies élaborées, la vie nous met toujours échec et mat au dernier souffle. Et c’est ok, parce que c’est seulement aux instants où nous sommes le plus déstabilisés que nous prenons des chemins qui nous mènent à des endroits qui nous font du bien, qui nous mènent à des personnes qui nous font du bien, qui nous mènent au bien, tout simplement.
Par Mélina Gagnon
Audrey Dumont