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Vivre avec l’hypersensibilité

Source : Pixabay

Le plus gros stéréotype lié à l’hypersensibilité est de croire qu’il s’agit de toujours pleurer, peu importe les circonstances. L’hypersensibilité, c’est se sentir complètement à l’envers quand on observe les autres aller moins bien ou quand notre environnement est perturbé. C’est devenir cette éponge ambulante qui ressent plus profondément et se retrouver souvent paralysé.e par nos peurs. Nous avons une sympathie trop grande qui nous gruge de l’énergie quotidiennement.

L’hypersensibilité est vue aux yeux de plusieurs comme une faiblesse, mais en fait, être plus près de ses émotions, bien que ça rende parfois plus vulnérable, ne fait pas des personnes hypersensibles des personnes faibles.

Entre hypersensibles, on arrive à se comprendre et à s’entendre sur le fait que « parfois, j’aimerais être moins sensible » ou que « j’aimerais qu’on m’arrache le cœur ». C’est peut-être beau, avoir autant de cœur, mais malheureusement, ça fait mal trop souvent. Et c’est là que la vulnérabilité entre en jeu, parce que même si l’on prend des décisions pour soi, même si l’on s’affirme et qu’on met ses limites dans le calme, y’a toujours une partie qui doute. Ça demande beaucoup d’efforts et de temps.

J’ai remarqué qu’on dépense beaucoup trop d’énergie à croire que tout le monde ressent tout aussi fort que nous alors que ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, j’avais donc envie de vous partager de façon générale à quoi peut ressembler une journée pour un ou une hypersensible!

Je me réveille, j’dois avoir minimalement 8 heures de sommeil comme tout le monde. Souvent, j’ai même besoin de plus. Si je n’ai pas assez de sommeil, déjà que je suis plus fragile au niveau émotif, la journée commence mal. Le repos est mon meilleur ami. Le manque de sommeil est mon pire ennemi.

Je me prépare tranquillement, j’ai besoin de calme et de savoir où je m’en vais. J’aime prendre le temps de faire des petites lectures où écouter le chant des oiseaux, car les choses simples de la vie m’émerveillent facilement. Le lever de soleil, quand j’ai la chance de le voir, c’est le comble du bonheur. J’ai besoin d’une routine. Je m’émerveille souvent et facilement.

Quand je sors dehors il y a parfois des réparations dans la rue en face, et le bruit qui en découle m’agresse énormément. J’ai besoin d’entrer vite dans mon auto pour couper le son. Lors de ces matins bruyants, je n’ouvre pas ma radio, j’fais juste rouler dans le silence, j’en ai besoin. Je suis facilement déstabilisée par mon environnement. Le silence et le calme me nourrissent.

J’arrive au travail. Je sens déjà une lourdeur sur mes épaules quand j’entre dans la salle des employés, où deux de mes collègues semblent avoir un règlement de comptes. Une des deux semble froide et distante, l’autre semble triste et désolée, elle la supplie de lui demander pardon. Je n’ai aucun rapport à la situation, mais j’absorbe autant la frustration de l’une comme la peine de l’autre. Je suis une éponge.

Tout ça me rend distraite et perdue, donc j’arrive 5 minutes en retard à mon poste de travail. Mon patron m’en fait la remarque sur un ton autoritaire en me voyant passer dans le corridor. Après ça, je me passe 15 fois dans la tête le scénario avec mon patron qui me fait le reproche et je me tape 15 fois trop sur la tête, car j’ai fait une terrible erreur. Je suis perfectionniste et sévère avec moi-même. 

Je fais ma journée du mieux que je peux. Durant la pause, je me retrouve en avant de la fille qui était triste durant le règlement de comptes de tout à l’heure. Elle se confie à moi, je lui offre mon oreille attentive, je ne dis pas grand-chose, mais je sens que je l’ai beaucoup aidée. Elle repart plus sereine. J’ai une bonne écoute et je suis très empathique.

Je retourne travailler, je me sens fatiguée, je ne regarde pas trop où je marche, je trébuche. Je me sens observée par la planète entière, j’ai honte. Pourtant tout le monde, passe vite à autre chose, moi j’pense juste à ma chute pis au retard de tout à l’heure. Je suis vraiment perfectionniste et j’ai peur du jugement. 

C’est l’heure du dîner. Je suis en face de la fille qui était froide et distante lors du conflit de ce matin. Elle se confie, elle exprime toute sa colère et les raisons à ça. Je ne dis pas grand-chose, je fais semblant que ça m’intéresse et je me dis intérieurement que je suis un aimant à confidences. La fille repart plus sereine en me laissant son filet d’amertume qui lui restait en dedans. Après ça, je ne suis pas capable de manger mes filets de poisson qui ont refroidi. J’ai de la difficulté à mettre mes limites, j’ai de la misère à dire non.

Je termine ma journée, j’me sens tout croche et triste. J’appelle ma meilleure amie, elle m’invite au cinéma pour me remonter le moral. On va voir Le Roi lion, que j’ai déjà vu plus jeune. Je ne fais pas juste pleurer durant la scène de la mort de Mufasa; cette scène, je l’anticipe avant sa venue, j’ai déjà le cœur déchiré quand le film commence. Je ressens tout plus intensément. J’me mets à la place du petit lionceau. En vous écrivant, j’en ris. Ma raison sait que c’est juste un film d’enfants, mais mon cœur a une mémoire trop grande des blessures de l’âme.

J’remercie ma meilleure amie, le film m’a quand même fait du bien. J’retourne chez moi, j’colle mon chat et l’étouffe de mon amour en imaginant que c’est le petit Simba. Oui, j’suis intense.

J’me couche, je suis morte de fatigue. J’pense à ma journée, trop souvent à mes erreurs. La nuit est dangereusement porteuse de conseils pour moi. J’me répète mon petit mantra plusieurs fois : tout va bien. Je me calme et m’endors du mieux que je peux.  J’ai besoin de méditer et de me sentir rassurée.

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