Ah, le 14 février! Aujourd’hui, j’ai décidé de t’entretenir de love pour l’occasion. T’inquiète, je t’écrirai pas d’acrostiche avec le mot cupidon et je t’énumérerai pas les 9 signes qui t’indiquent que tu as trouvé l’âme sœur (même si ça me semi-brûle de le faire). Je vais te parler de l’amour en général et du fait que t’as le droit d’être le fan no 1 ou le hater le plus engagé de la Saint-Valentin sans que ça fasse de toi un être ignoble. Donc, que tu sois le genre qui devient semi-gothique uniquement à ce jour précis de l’année ou plutôt du type à te rendre au travail vêtu d’une couche pour tirer des fléchettes sur tes collègues exaspérés, tu devrais y trouver ton compte.
L’amour, c’est large… VRAIMENT large. On aime cependant nous faire croire qu’il y a juste une façon d’aimer et de vivre l’amour. Il y a d’abord l’esprit machiavélique qui a décidé de nous faire croire que ça se mesure en boîtes de chocolat, en pétales de fleurs et en tounes de Savage Garden livrés à un jour précis de l’année (ouaip, j’ai parlé de Savage Garden pis c’était même pas un pari). On a aussi tous dans nos vies un Gilles ou une Pétunia, ces individus qui aiment nous rappeler c’est quoi, « pas l’amour ». « T’as pas eu trois dates avant de frencher? Il t’a touché l’épaule en te regardant l’œil gauche? La somme de la position alphabétique des lettres de son nom ne donne pas 7? Ben c’est pas de l’amour, sorry. » Il y a en outre les histoires des films d’amour d’Hollywood. Ah, ces réalistes trames narratives qui sont comme les recettes de Ricardo : jamais fucking pareil sur l’image que quand c’est moi qui les fais. « Dude, j’y ai lancé des roches dans sa fenêtre pour lui lire le poème que j’avais écrit avec mon sang, mais elle a appelé la police, WTF? »
Je suis conscient que je t’apprends rien (sauf peut-être c’est quoi Savage Garden, auquel cas je m’excuse vraiment). Ce que je tiens à souligner, cependant, c’est que les idées préconçues de l’amour qu’on entretient (consciemment ou non) ou qui nous sont projetées ont une influence directe sur l’amour qu’on vit et sur notre niveau de bonheur en relation. Il n’y a personne qui va fitter exactement avec ma liste de 37 critères de ce que je recherche chez l’autre. Si je me fais un scénario rigide de l’amour idéal dans ma tête, ben il y a beaucoup de chance que je sois déçu et que j’abandonne d’emblée une relation pour recommencer mes recherches sur Tinder. Si je suis convaincu que je suis une cause perdue parce que je suis continuellement attiré par le même type de personne, il est fort probable que ça va continuer. Ce que ces éléments-là ont en commun, c’est qu’ils font qu’on vit pris dans notre tête plutôt que dans le moment présent. Qu’on cherche à imiter une recette plutôt que d’inventer la nôtre.
Ton amour, c’est pas mon amour ni son amour. C’est pas une chanson ou une fucking boîte de chocolats, aussi délicieux soient-ils. C’est pas la description à laquelle tu te réfères quand t’as une majorité de « A » dans le questionnaire d’une revue douteuse. C’est pas ce que Facebook ou Google a à en dire quand tu feel pas et que tu te laisses aller à une recherche frénétique de réponses existentielles entre deux bouchées de Häagen-Dazs à la pâte à biscuits. C’est même pas d’aimer ou de pas aimer la Saint-Valentin! Ton amour t’appartient et personne peut rien en dire.
De mon côté, l’amour, je vois ça comme une façon d’être, un état d’esprit. C’est choisir de laisser une chance à la vie, au coureur (ou à la coureuse), mais aussi de se laisser une chance à soi-même. C’est de profiter de ce qui se passe au lieu de penser à ce qui va arriver ou à ce qui est arrivé. C’est de se laisser surprendre et de surprendre. Au pire, ça va peut-être goûter un peu weird et ça gonflera pas autant que prévu au four, mais ça empêchera pas que le processus va avoir été agréable et que le résultat sera unique, quoiqu’en disent Pétunia, Gilles ou les images du livre de cuisine de Ricardo.
Ce qui a de bien avec la vision positive de l’amour en tant que façon d’être dans le moment présent, c’est que, comme les potirons, ça se cultive aisément. Pour ceux qui veulent cultiver l’amour de façon assumée, voici quelques trucs qui m’habitent actuellement :
– Écouter 3 films de Bruce Willis avec un bloc-notes pour y recenser toutes les manifestations d’amour et d’espoir.
– Dire « je t’aime » à voix haute à tout ce que tu vois ou ressens : « Je t’aime neige », « Je t’aime soif », « Je t’aime Gilles », « Je t’aime vent glacial qui va me faire perdre une oreille si je reste 5 minutes de plus dehors », etc.
– Demander au chandail que tu vas mettre le jour de la Saint-Valentin s’il veut être ton valentin. Il va te donner du love toute la journée.
– Mettre la toune du film Mon fantôme d’amour et danser un slow avec toi-même.
– Si t’es du genre à faire repousser tes échalotes déjà utilisées dans un verre d’eau et que t’as déjà eu un chandail en chanvre, tu peux aussi t’imaginer que l’air que tu respires est constitué d’amour. Ça rend un individu zen!
Bon, il y en a très sûrement parmi vous pour qui l’amour, peu importe ce que je viens d’en dire, c’est de la fucking marde (Häagen-Dazs, quelqu’un?). Que t’aies un abandonnement mensuel ou un membership gold au club des haters de l’amour, que tu fréquentes le gym de la hate 5 jours par semaine ou que t’y sois allé une fois pour regarder LCN sur mute en faisant de l’elliptique parce que c’était ta nouvelle résolution que tu tiendras pas, je te donne aussi des conseils pour vivre ta haine avec juste un peu d’amour :
– Acheter une boîte de chocolats en forme de cœur au Jean Coutu et, direct après avoir payé, te les sacrer tous dans la bouche en disant « Sti que je suis beau/belle » tout en te flattant un peu la bedaine et en faisant des demi-squats.
– Acheter une douzaine de fleurs et, quand le commis te les remet, lui dire : « Ben là, on se connaît à peine le weirdo » et quitter le magasin sans tes fleurs.
– En magasinant les toutous cutes au Hallmark, demander très sérieusement au commis ce que le gorille qui tient un cœur dans ses bras mange et s’il requiert beaucoup d’exercice. Avant de partir, t’informer à savoir où tu peux acheter une cage.
– Si t’es pas du genre à faire repousser tes échalotes déjà utilisées dans un verre d’eau et que le chanvre, ben tu utilises pas ça pour tes chandails, tu peux aussi t’imaginer que l’air que tu respires est constitué d’amour (mouhahaha).
OK, OK… j’ai menti :
Catamaran
Uruguay
Patate douce
Iguanodon
Dorsal
Odomètre
Nul si découvert
Bonne Saint-Valentin (ou pas)!