Oublier d’oublier. Il y a ces séquences qu’on oublie en un cliché (peut-être quelques-uns en fait) et d’autres qu’on s’arrache les paupières à visionner, revisionner puis revisionner. Il y a des films d’horreur qui nous tournent tournent, tournent dans la tête et de plus beaux métrages qu’on oublie au fil du visionnement même. On a un drôle de cinéma dans la tête, vous ne trouvez pas?
Notre cerveau comme un Hollywood incontrôlable.
On oublie les mauvais conseils, ou plutôt, on se souvient des mauvais conseils. J’ai de la difficulté à concevoir la facilité à laquelle on oublie toutes les petites images qui peuvent nous revigorer, nous faire un bien indestructible. C’est tellement plus facile d’oublier nos temps de repos que l’examen pour lequel on angoisse depuis trois mois, que les événements négatifs marquants qu’on se repasse toujours en boucle dans la tête, que tous les petits tracas de la vie quotidienne qui nous parasitent le popcorn.
On vient la tête folle folle folle comme un champ de maïs qui accouche.
Comment peut-on oublier les histoires de Walt Disney, mais pas les terrorisants films qui nous hantent?
Et qu’en dirons-nous de toutes ces qualités en nous qu’on peine à fouiller dans les archives comparées à tous les défauts qu’on se fait subir comme une avalanche de flops cinématographiques américains? Ainsi à chaque mauvais scénario proposé, il y a une nuée de spectateurs qui nous regardent et qui nous huent.
Mais ça on n’oublie pas.
On n’oublie jamais vraiment.
C’est simplement une question de focalisation. Si on changeait la focalisation de la caméra vers quelques traits plus vrais, peut-être pas parfaits, mais vrais, peut-être qu’on se sentirait mieux. Peut-être que les gens se sentiraient bien, mieux du moins. C’est qu’on a tendance à oublier nos réussites et mettre d’avant nos échecs. Mais ne devrions-nous pas procéder autrement? Le visionnement de la vie se ferait bien plus agréable.
(J’ai ce texte en aide-mémoire partout dans ma maison.)
Par Mélina Gagnon
Audrey Dumont