J’ai 23 ans. J’ai encore ben des croûtes à manger avant de pouvoir dire que je suis vieille. Mais du haut de ma petite jeunesse, j’ose me défier de vieillir avec fierté.
On vit dans une société qui valorise la jeunesse, si ce n’est les traits infantiles, surtout chez les femmes. Maquillage, teintures, crèmes variées, incitation à la minceur, chirurgies, tous les moyens sont bons pour ne pas « faire ses 50 ans ».
Et si je voulais les faire, mes années? Et si je voulais avoir l’air d’avoir vécu? Et si je voulais avoir l’air sage? Et si je voulais être bien dans mon corps parce qu’il change et non malgré ses changements?
Je veux valoriser ma vieillesse. Voir les cheveux gris comme l’apparition du pouvoir magique de la sagesse, les cheveux blancs comme la ceinture noire de l’art de vivre. Mes rides seront l’histoire de mes rires et de mes pleurs dessinés sur mon visage. Ma peau molle fera des vagues quand je danserai. Mes taches de vieillesse seront les secrets d’une vie pleine de rayons de soleil.
La perte de mon cardio sera la fierté de la montée de celui des générations futures. Les maux de dos et autres douleurs seront les chuchotements de la vie qui veut que je réfléchisse plus avant d’agir. La disparition de la flexibilité physique sera le rappel que je dois préserver ma flexibilité d’esprit.
Et la lenteur sera l’incitation à prendre ce fameux temps que je n’ai pas encore à 23 ans pour admirer ce qui m’entoure et faire exactement ce dont j’ai envie au moment où j’en ai envie. Les maladies seront le coucou de l’horloge qui me dira que ce temps est maintenant compté et que je dois le savourer comme le meilleur des desserts.
Je veux accueillir la vieillesse comme cette grande amie qui ne me quittera jamais une fois rencontrée. Celle qui connaîtra mon histoire parfois mieux que moi et qui la racontera en images.
Fred Pellerin chante que « le temps, ça court par en avant ». Regarde-moi courir vers ce coucher de soleil dans l’espoir d’en capturer les derniers rayons, et non pour fuir le crépuscule.
Photo par Cristian Newman sur Unsplash