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« Je ne sais pas si je veux faire ça toute ma vie. »

Dans la dernière année, cette phrase a retenti si souvent à mes oreilles que je crois qu’il serait bien qu’on prenne la peine de se demander pourquoi nous continuons à la laisser nous hanter. La mi-vingtaine et ses alentours suggèrent, pour la plupart d’entre nous, de franchir la ligne d’arrivée de quelques innombrables années d’études. Les genoux tremblants d’avoir couru sans relâche, d’avoir compté les jours, tenu bon jusqu’à la fin. Et nous voilà arrivés, échevelés, secoués à cette dernière marche que nous attendions depuis toujours. Le dernier X du calendrier est marqué. La prochaine case soulignera de rouge écarlate le premier jour en poste.

« Le premier jour du reste de ta vie, » nous répétera-t-on.

La carrière pour laquelle nous avons travaillé si dur, en l’oubliant la plupart du temps. Il  semble bien vite que le sourire du/de la vainqueur.euse qui convoitait le haut de la montagne fane, parce qu’on lui redemandera sans cesse s’il compte y rester toute sa vie. Vu sous cet angle, le sommet est soudain moins réjouissant et le/la vainqueur.euse est tenté.e d’apposer de nouvelles croix sur les jours qui passent. Et s’il/elle voulait redescendre? A-t-il/elle vraiment le droit? Serait-ce renoncer à sa victoire? C’est un peu comme ça qu’on se sent après avoir passé des années à attendre l’étape suivante et qu’on nous annonce enfin qu’il n’y a plus rien d’autre à envisager pour les trente prochaines années. Encourageant? Plus ou moins.

L’an dernier a été marquant pour mon entourage et moi-même. Nous avons vécu de multiples graduations, obtentions de postes et promotions. Fiertés et réjouissances ne manquent jamais à ces événements, bien que la fatalité résonne souvent à la fin des festivités.

« Et dire que je vais faire ça pour le reste de ma vie… »

Il est vrai qu’à peine adolescent.e, on nous demande de choisir un domaine d’étude qui conviendra à une certaine carrière.

« Un choix pour la vie, » nous dira-t-on.

Mais n’est-il pas paradoxal d’encadrer un choix par une condition de non-retour? N’est-ce pas l’opposé même du libre-arbitre? Il fut une époque où le choix d’un.e partenaire comprenait le même sous-entendu.

« Choisis bien, car tu devras passer toute ta vie avec. »

Pourquoi ne pourrait-on pas envisager une carrière comme nous envisageons maintenant les relations? De manière plus saine, réaliste et avec le bonheur comme mot d’ordre. C’est d’ailleurs une bonne amie à moi qui m’a fait comprendre toute la pertinence de cette comparaison. Il est possible qu’à une certaine période de notre vie, une personne nous convienne parfaitement, puis, qu’au fil du temps, on change et que cette personne ne soit plus celle qui nous rend heureux.se. Est-ce que c’est mal? Pas du tout. On peut simplement se dire que nous sommes allés au bout de la relation avec cette personne-là. Que nous sommes maintenant prêt.e à nous engager avec quelqu’un d’autre ou même à prendre une pause.

Pourquoi serait-ce différent avec notre carrière? Envisageons-la ainsi comme étant celle qui nous convient à l’instant sans avoir l’obligation de nous imaginer les cheveux gris, assis au même endroit. Nous sommes arrivés à une ère où l’on ne juge plus le parcours amoureux d’une personne ; nous devrions en faire de même en ce qui concerne son cheminement professionnel.

Alors, à toi qui te répètes, telle une marche funèbre, que tu vas faire ça toute ta vie, souviens-toi qu’aucun choix ne vient avec de petits caractères en bas de page t’empêchant d’aller franchir d’autres sommets. La vie est trop courte pour les lois non-écrites qui la font paraître ennuyante.

Crédit : Matt Ducan, sur Unsplash

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