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Vacances ratées

Chaque début d’été, je ressens toujours cette incroyable pression entourant « les vacances ». Ces fameuses vacances estivales qui devraient être le moment le plus attendu de tous, devient rapidement un sujet de conversation cauchemardesque à éviter DE TOUTE URGENCE!

Chaque fois qu’on me demande ce que j’ai prévu faire, un poids me pèse comme si je devais avoir des projets absolument fantastiques, à visiter des endroits aux paysages de rêve, le but ultime, quoi! Et lorsque j’ose répondre « Je n’ai rien de prévu », à cela on me répond : « Bah, c’est cool aussi de faire des choses à la maison, le ménage et tout, sinon la Gaspésie c’est un beau coin! »

Ok… Là on vient de passer du ménage à la Gaspésie? Y’a une mautadine de différence entre les deux, disons! Mettons que les photos de mon compte Instagram risque de titiller l’œil pas mal plus si je choisis la Gaspésie. Qui voudrait voir des tas de poussières et de paperasses empilés dans tous les racoins de mon appartement? Ah, puis, je pourrais faire un petit avant/après, question de stimuler l’intérêt. Puis rendre le tout interactif en demandant aux gens : « Et vous, quel modèle de balayeuse utilisez-vous? », suivi d’une selfie avec cet électroménager trop peu utilisé qu’est ma balayeuse. Ou en demandant aux personnes ayant les cheveux longs : « Et vous, vous arrive-t-il de confondre araignée et moton de cheveux au sol? »

Wow, ça donne le goût d’être là.

Toutefois, vraiment au tout début de mes vacances, j’ai eu le privilège de me rendre dans les Cantons-de-l’Est, puisque j’ai été sélectionnée parmi les 12 finalistes au concours de l’Interlettre 2018 des Correspondances d’Eastman. D’ailleurs, c’est suite à un périlleux parcours à affronter ma peur de longer la 15 Sud vers le fameux Pont Champlain et ses légendaires détours et embouteillages, pour ensuite rouler jusqu’à Eastman, que je me suis retrouvée devant le constat que je n’avais point gagné le dit concours. Qu’à cela ne tienne, j’en ai tout de même profité pour passer une nuit de rêve à Magog, dans un lit de fakir, ma foi, tant j’ai été impressionnée par son confort! Et que dire de cette chaleur bien conservée entre les quatre murs, me faisant croire entre deux rêves qu’un volcan se trouvait non loin de là. Parce que c’est bien connu que le Mont Orford entre en éruption…

Le lendemain, en visitant cette région finalement non volcanique, mais à la climatisation douteuse dans l’hébergement préalablement choisi, j’ai appris, pour la modique somme de 5 dollars, que les alpagas albinos ont les yeux bleus et qu’ils sont tristement atteints de surdité. Et c’est dans le but d’aller me coucher moins niaiseuse après cette découverte, mais dans un certain confort cette fois-ci, que je suis repartie chez moi, en retournant vivre les perpétuelles joies de la traversée du Pont Champlain et de l’heure de pointe dans laquelle j’ai réussi à me foutre.

L’avantage de ce merveilleux périple est qu’en deux jours seulement, j’ai réussi à prendre en photo d’innombrables paysages, gracieuseté de cette température variable qui m’a offert une panoplie de ciels différents. Grâce à cela, ma banque de photos était suffisamment abondante pour que je puisse sournoisement continuer de publier de belles photos chaque jour sur les réseaux sociaux, alors qu’en réalité, je me trouvais soit dans mon lit à rattraper des années de sommeil, ou devant Netflix, tout simplement. À cela, j’ai tout de même pris soin de mettre fin à mon état végétatif, par des activités intéressantes et/ou pertinentes.

Et maintenant, je redoute ce triste lundi matin où je supplierai l’univers qu’on n’ose me demander comment se sont passées mes vacances, avant ma première gorgée de café. Où le désappointement me frappera en plein visage et me fera regretter de ressentir cette impression d’avoir raté mes vacances. Je crains ce moment où je comprendrai que malgré les hauts et les bas, malgré des moments exaltants et d’autres plus déprimants, que j’étais bien finalement. Que j’avais besoin d’être autant active que fainéante. (Probablement plus fainéante qu’active, en fait!) Et que j’aurais bien « volé » quelques jours de congé supplémentaires.

Durant ces deux semaines, j’aurai affronté ma peur de me rendre jusqu’au Pont Champlain (étrangement, une fois dessus, ça va), j’aurai été finaliste dans un concours littéraire, et j’aurai eu le plaisir de visiter les Cantons-de-l’Est grâce à cette occasion. Également, j’aurai collecté suffisamment de photos « instagrammables », j’aurai autant profité de la beauté de la nature que du rythme effréné des multiples activités offertes par la  grande ville Montréalaise, et j’aurai eu l’impression de vivre un sommeil sans fin!

À bien y repenser, je n’aurais pas pu avoir de meilleures vacances. Sur ce, bon retour au boulot et/ou en classe!  ?

P.-S. – Mine de rien, Noël s’en vient!

Crédit photo : Jurica Koletić, Unsplash

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