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Une p’tite shot de Veritaserum? (ceci n’est pas un article sur Harry Potter) – Par Andrée-Anne Isabelle

À la #fabcrep, on discute de tout.  Ça arrive régulièrement qu’on se propose des idées d’articles et qu’on en débatte ensuite entre nous.  Cette semaine, la banque à sujets m’a inspirée à écrire à propos de vérités.  Certaines vérités sont nécessaires, d’autres sont universelles, et ça arrive aussi qu’on s’en invente à soi-même pour se conforter dans son propre déni.  Mais aujourd’hui, je me penche tout particulièrement sur les vérités dont on dit qu’elles ne sont « pas bonnes à dire ».

Ce serait quoi, d’abord, une vérité qui n’est pas bonne à dire?  Tout de suite, on pense à des trucs blessants.  On s’improviserait tous Jean Airoldi l’espace d’un instant pour donner des contraventions de style à nos amis les jours où on remarque des faux pas spectaculaires.  On a tous déjà failli dire quelque chose de méchant en n’étant pas en connaissance de cause, pour ensuite se féliciter d’avoir su saisir une excellente occasion de se la fermer au bon moment.  On a tous déjà eu une réplique assassine en tête qu’on est soulagé de ne pas avoir exprimée à voix haute. Dans l’histoire de l’humanité, de nombreuses vérités-qui-ne-sont-pas-bonnes-à-dire n’ont pas été répondues à la suite de ces interrogations : est-ce que j’ai pris du poids? (Non!) Est-ce tu me trouves plus souple que ton ex contorsionniste? (Bien sûr ma chérie!)  Est-ce que mes muffins seize grains et canneberges sont bons? (Tellement goûteux, je meurs!)  Est-ce que ma cellulite est apparente dans mes leggings blancs? (Jamais de la vie! Toi, faire de la cellulite?)

Bien sûr, pour de telles banalités, la vérité absolue n’est pas essentielle. Il faut choisir les combats pour lesquels monter sur nos grands chevaux, et ceux-là n’en sont pas. Mais le fait demeure : la ligne est très mince entre être franc et se montrer méchant de manière gratuite.

J’estime que toute vérité n’est effectivement pas bonne à dire, mais qu’il doit y avoir un motif louable derrière la décision de dissimuler ou de mentir.  Le fait de ne pas dire une vérité-qui-n’est-pas-bonne-à-dire doit apporter plus de positif à l’interlocuteur en question que l’éventualité de se faire plaquer la vérité en plein visage.

Prenons par exemple un ou une amie qui vit une situation délicate et difficile qui nous frustre, mais qui n’est pas prêt à entendre ce qu’on en pense.  Agir avec douceur et compassion peut parfois ouvrir davantage de portes que d’être trop direct et de lui faire sentir qu’on est bien au-dessus de sa situation. Vous avez aussi sûrement remarqué, comme moi, que d’avoir usé de répartie cinglante envers quelqu’un qui s’est montré injuste ou haïssable peut parfois être satisfaisant, mais se révèle la plupart du temps être un exercice qui nous fait sentir mal au final.

Nos grands-parents nous diraient : tourne-toi la langue sept fois avant de parler!  À l’ère où il y a plus souvent qu’autrement un appareil numérique entre nous et la personne à qui l’on s’adresse, il est également sage de bien peser le choix de nos mots.

On gagne tellement à être parfois trop gentil ou à vouloir acheter la paix en ne disant pas forcément toute toute toute la vérité. Il est impératif cependant de le faire dans le respect de soi-même.

Tout est question d’équilibre, chers crépus!

AA ♥

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