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En février dernier, j’ai parlé de mon expérience face aux troubles alimentaires et de la toxicité des commentaires sur le poids d’autrui. J’ai remarqué que le sujet avait touché beaucoup de gens et j’ai adoré lire vos témoignages et vos réponses. Force est d’admettre que, même sans souffrir/avoir souffert d’un TCA, l’image corporelle et l’acceptation de soi est une corde sensible pour plusieurs. C’est le travail d’une vie, ça fluctue et ça varie. Des jours on a l’impression qu’on pourrait conquérir le monde et d’autres, qu’on roulerait en bas de notre lit.
Partout, tu liras des articles sur ta valeur. On te dira que tu es magnifique et que ton corps n’est rien de plus que ton véhicule qui te mène sur le chemin de la vie. Ton contenu, ta personnalité, ton rire, ta joie, sont ce qu’il y a de plus beau chez toi. Tout ceci est vrai. N’en doute jamais. Cependant, quand j’apprenais à m’aimer malgré les changements corporels et ma prise de poids, je levais souvent les yeux au ciel en disant: « Plus facile à dire qu’à faire! Vois-tu, j’ai beau être un véhicule, je me sens plus Civic 2002 que Porsche. »
Je me suis questionnée à savoir ce que j’aurais vraiment aimé entendre dans les jours plus sombres. Ce qui m’aurait vraiment fait du bien. Et aujourd’hui, c’est exactement ce que j’ai envie de te dire. À ce moment-là de ma vie, mon image corporelle, le contrôle, l’entraînement et les calories prenaient toute la place dans ma tête et, en conséquence, dans ma vie. J’avais peur…si je perdais ce contrôle, que me resterait-il? Si je n’étais plus mon trouble alimentaire, qui étais-je? À quoi ressemblerait mon monde?
La vie, c’est pouvoir enfiler un bikini, écouter de la musique avec une amie et décider spontanément de commander de la pizza. C’est pouvoir faire des crêpes le matin sans te demander s’il y a assez de protéines et sans le stress de devoir compenser dans un entraînement plus rigoureux. Parce que dans un monde où la culture de la diète n’est pas reine, on réalise que dans une activité, il y a des centaines de facettes. Il y a la conversation avec tes proches, les liens qui deviennent plus forts, les informations que tu apprends en discutant, la température, les odeurs et la musique qui te remontent le moral. Le sentiment de satisfaction que tu ressens quand tu rentres chez toi, celui d’être bien entouré.e et de remercier la vie de pouvoir profiter de ces moments magiques. Et pourtant, le repas en tant que tel n’a représenté qu’un seul pour cent de cette satisfaction. Ruineras-tu les autres 99% par peur du dernier pour cent restant?
La vie, c’est être capable de l’apprécier. Souvent, on ne se rend pas compte du bourdonnement que créé un TCA dans notre tête. À quelle heure le prochain repas? Est-ce que mon ventre sortait trop sur cette photo? La vie passe en arrière plan de ces pensées qui volent la vedette. Chaque moment est concentré sur le prochain ou le précédent. On vit toujours quelques heures en retard ou à l’avance. Qu’est-ce qui est beau autour de toi en ce moment? Qu’est-ce que tu ressens? Qu’est-ce qui te rend reconnaissant.e? Peut-être que tu te dis : « Mais comment prévoir et anticiper si je ne me permets pas d’y penser? » Ceci m’emmène à mon dernier point : ne l’anticipe pas. Tu verras rendu là. Tu mangeras ce qui te paraîtra bon, tu porteras ce que tu voudras. Le monde, une fois que tu fais la paix avec ton corps, c’est être capable de t’écouter et de te faire confiance en tout temps. Écouter tes cravings, manger malgré toutes les règles (des pancakes à 2AM si ça te tente).
Tu. Peux. Faire. Tout. Ce. Que. Tu. Veux. Suis ton intuition.
Bref, si tu es dans ta cuisine en train de faire des pancakes à deux heures du matin, c’est certainement parce que tu auras vécu une soirée épique remplie de beaux moments. Tu auras peut-être dansé avec tes ami.es ou écouter une comédie sur Netflix. Ne te prive pas de tout ça simplement pour pouvoir acheter des vêtements plus petits. Finalement, ce qui restera de ton monde, c’est la vie elle-même.