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Un jour…

Lendemain de date plate. Pas de connexion. Un peu de rire, mais rien pour flotter ou être dans la lune. Prends une gorgée de café trop fort. Décide que j’suis tannée de chercher, en ce matin d’avril dans le soleil.

J’ai un eye contact avec un p’tit gars, assis dans son siège d’auto, moi à l’arrêt d’autobus. Je souris. Me sourit en retour. Il me fait un bye bye de sa main de 2 ans quand la lumière tourne au vert. Il sait, lui, que j’aurai une bedaine qui poussera un jour. Un jour.

Un jour, un gars me fera tourner et danser dans le métro, juste pour le fun.

Un jour, quelqu’un me donnera des fleurs, juste comme ça. Juste parce que c’est mercredi pis qu’il m’aime.

Un jour, je serai la fille dans la toune d’amour, la comédie romantique et le poème cute.

Un jour, y’aura un gars qui voudra m’aider à porter mes bagages à l’aéroport, à installer mon kayak sur le toit de ma voiture, à poser des tablettes dans mon appart, pis peut-être même à changer mes pneus. Mais ça, c’est pas obligé.

Un jour, je vais rentrer à la maison et je vais dire «je suis là». Il y aura un gars pour écouter mes histoires, me dire que j’exagère, rire de mes jokes. Partager mes plans de souper pis des fois, mes envies de ne pas cuisiner… On va au resto?

Un jour, après les soupers, les verres, les cafés, le cinéma, y’aura des fins de semaine dans un chalet, des 5 à 7 avec les amis, des présentations de beaux-parents. Des sourires satisfaits d’une mère qui sera heureuse de voir sa fille casée, tellement radieuse  qu’elle glowera in the dark. Y’aura des épiceries à deux, des brassées de linge mélangées de gars pis de fille, des recettes préférées, des habitudes. Des soupers de l’avenir, pour faire des plans et parler du plus tard. Des choses empaquetées, des boîtes de cartons. Un partage de tiroirs, de garde-robes, d’espace de vie.

On essayera de faire pousser des plantes. On se fera croire qu’on peut retaper des meubles et s’occuper d’une maison. Je me ferai accroire que j’ai ma recette de sauce à spaghetti et que je suis prête.

Un jour, dans l’appart il y aura un bureau encombré qui deviendra une 2ème chambre pour.

Un matin, la coffee lover que je suis en commandera un sans caféine avec un sourire de fin du monde. Mes jeans me feront plus pis ça va me faire tellement plaisir. On peinturera la 2ème chambre en jaune parce que. On sait pas.

Un jour, je fabriquerai un mobile en origami, pis y’aura une couchette où l’installer. Le gars et moi on lira ensemble dans le lit le soir, pis on sentira bouger la vie dans mon ventre.

Un jour, je serai le pictogramme de la femme enceinte à qui on cède la place l’autobus. J’aurai une photo d’échographie cachée dans un tiroir et des listes de prénoms, pas pour mes amies, ma sœur ou mes collègues. Pour nous. Je convaincrai le gars d’aimer les vieux prénoms vintage comme celui de ma grand-mère.

Un jour, j’aurai une histoire de naissance à raconter avec des détails qu’on veut pas savoir. Je visiterai mes collègues sur l’heure du dîner leur montrer le p’tit miracle, les yeux fatigués mais rayonnante pareil, selon le papa.

Un jour, mon backpack aura un rack qui servira à porter 10 kilos de bébé. Dans l’avion, y’aura un petit loup assis sur les genoux du beau gars à côté de moi, son père. Mon partner de voyage et de vie.

Un jour, il y aura un petit être à pousser en joggant, un chariot à tirer en vélo. Après « cardio », il y aura « poussette ». Y’aura du Pablum dans notre garde-manger. Un montage de fleurs en papier dégoulinant de colle à la Fête des Mères, posé sur notre table de cuisine à côté des vraies du mercredi d’avant. Dans mon bureau, j’aurai des photos d’enfants qui ont mes yeux et sa bouche.

Un jour, je serai plus celle qui cherche, la célibataire du bureau, la lonely girl de la famille. La fille qui veut mais qui ne veut pas fréquenter les sites de rencontres.

Je ne suis pas une fille qui cherche, qui attend que… pour. Qui espère, qui pense toujours à, qui est frustrée que, jalouse des autres qui. Pu heureuse. Je suis la fille confiante que, qui se dit qu’au bon moment, qu’il y a des signes, que rien n’est rien pour rien.

Qui se dit c’est la vie. Qui est convaincue qu’elle aussi. Qui se permet du lèche-vitrine de boutiques de bébé sans raison.

C’est difficile de mettre ses rêves de maman sur pause. C’est tough de pas avoir peur. De pas se dire si… jamais. Personne. Toute seule. Pas de poussette.

Décider de mettre le statut de « la fille qui » sur hold, parce qu’on peut se donner un break. Le droit d’y croire. Sincèrement. Pis aussi de douter des fois. Mais si le monde, tout le temps, nous ramène la shot de « celle qui n’a pas encore trouvé ». Qui nous plogue des : « T’as pas hâte d’avoir des enfants ? …»

Mes ovaires à spin te diraient OUI. Ma tête te dirait JE COMPRENDS PAS C’EST QUOI LE FU*KING problème avec moi. Le cœur te dirait… RESPIRE. Profite. Be grateful pour tout ce que tu as déjà de beau dans ta vie. On veut pas un gars pour, on veut un gars et les étincelles aussi. Les feux d’artifices et l’envie de jouer de la crécelle. Le goût de faire n’importe quoi juste parce que. Sa présence. Ses bras. On veut se trouver mutuellement merveilleux, pour faire naître un être tout aussi merveilleux un jour. Un jour.

Si j’ai le goût de parler du caractère célibataire de ma personne, je vais le faire. Si j’ai envie de chercher ? Nah. Ça, j’ai pu envie. Parle-moi de l’été, de recettes de smoothies au kale, de produits nettoyants écologiques ou de noms de chartes de couleurs de peinture pour ton salon (un jour, tu me donneras la palette des jaunes). Me demande pas chaque fois que tu me croises si j’ai enfin trouvé… Quand ça va arriver, tu sauras, t’auras juste à voir ma face et mes yeux briller.

Par Josiane Regimbal

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