J’ai une voiture. Un iPhone. Un Macbook, même. J’achète des vêtements chez Zara. Ça m’arrive de manger du poulet. Ces raisons-là semblent suffisantes pour que tu te permettes de me regarder de haut. Comme si je n’avais pas le droit de chercher des solutions pour moi pis pour toi, parce que je ne suis pas parfaite. Vas-tu me donner le droit d’exprimer mon opinion sur l’environnement le jour où je vais me nourrir exclusivement des produits de mon jardin? Que je vais fabriquer mes propres vêtements? Je ne pense même pas.
Tu ris de moi quand je regarde ton hamburger : « Pas aussi facile que ça, hein, Miss Végé? » Tu te fais un plaisir de jeter ton verre de plastique dans la poubelle devant mes yeux : « Oh, voulais-tu le ramener chez vous pour le jeter? » Ça te surprend que j’aie une auto : « Avec quoi tu fais le plein? Du gazon? Haha! » Ha, ha. Je ne m’explique pas ce comportement-là. Je ne t’écœure pas sur ton mode de vie, moi. Vivre et laisser vivre, me semble.
Je ne suis pas agressante, pourtant. Je comprends, je concède. Je ne fais pas la morale. Je change ben souvent d’idée. J’ai juste l’impression qu’il y a d’autres façons de faire. Je l’espère, en tout cas. Pas toi? Pourquoi est-ce qu’on ne les trouverait pas ensemble?
Dans mon cœur, je suis écolo. Dans ma tête, je suis réaliste. Je le sais qu’en ce moment il y a des choses qui sont impossibles. Si je veux posséder un téléphone cellulaire, je n’ai pas le choix de donner mon argent à des compagnies que je n’aime pas nécessairement. Quand je suis pressée certaines semaines, j’en achète des produits sur-emballés à l’épicerie. J’ose croire que ça ne m’empêche pas d’espérer le meilleur pour ma planète.
Mais tu me fais sentir comme une hypocrite, alors que, tout ce que je fais, c’est mon gros possible.
Tu me fais sentir mal d’essayer.
Par Mickaële Couture
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