Eille toi. C’est fini. Pour de vrai.
Tu as été sournois. Probablement sans même t’en rendre compte. Comme une araignée qui tisse sa toile. Comme une araignée qui laisse sa proie battre des ailes, battre des pattes, dernier espoir du condamné. Puis j’ai été engloutie, gobée, et tu as craché sur les morceaux moins tendres. Nécrosés.
Toi, c’est beaucoup de monde, ou toi, c’est juste une personne. En fait, non, c’est plein de monde en toi. Ex-amie. Ex-amant. Ex-collègue. Ex-tout court. Et se défaire de toi : illusion. Chimère. Des années comme une fille dépouillée de sa lumière.
Personne toxique slash personne manipulatrice slash personne narcissique. Un sale mélange. Et une pléthore de mots tous plus tristes les uns que les autres pour décrire le mal vécu. Dévalorisée, contrôlée, épuisée, faible, coupable, pas bonne, juste rien de bien. Charme, mais mensonge. Espoir, mais trop ténu pour en être un véritable. Un compliment qui n’en est pas vraiment un : tes cheveux sont beaux aujourd’hui, enfin, y’était temps que tu t’arranges un peu; pour cinq, ou dix critiques. Chaud, froid.
Toi, tu as toujours su retourner la situation à ton avantage. Maudit que t’es habile. Ton rôle de victime, il te collait à la peau comme un coat de cuir sur Éric Lapointe.
Test genre Filles d’aujourd’hui mais sur un site avec un beau titre qui fait savant, pas besoin de faire de recherche pour la crédibilité des propos du Docteur en psycho-pop-de-comptoir de l’Université de Utopia Land qui a rédigé les questions, non man, je me lance et je coche les petits carrés vides avec ardeur, rageant sur le bouton Enter de mon clavier, faisant rebondir mon ordinateur sur mes genoux, les larmes me brouillant les yeux mais on s’en balance, je continue, pas de paralysie ni dans les doigts ni dans la tête. 50 faits : cochez ceux qui représentent une situation vécue avec la personne manipulatrice.
Allô maman? Si j’ai coché 47 carrés sur 50 dans un test sur les personnes manipulatrices, ça veux-tu dire que j’en ai une dans mon entourage pour vrai tu penses ou j’ai encore une chance que ce soit dans mon cerveau tout ça? « Non, ma puce, ça veut dire que la personne te fait pas du bien, je pense. » Pis là, la paralysie a pogné. J’ai gelé. Bye maman faut que je raccroche mon CD saute dans ma chaîne stéréo. « Mais non tu dis n’importe quoi t’en as pas de radio de même t’écoutes ta musique dans ton téléphone je le sais ben! Tu veux-tu parler? » Non maman, j’ai un rendez-vous bye là pour vrai.
Quand j’ai compris que, depuis tout petit, tu étais ainsi. Comme un tatouage, encré/ancré en toi. Boum, mon cœur en mille fragments. Cette vérité toujours cachée au fond de moi, obscène, boueuse, elle remontait à la surface et s’écoulait enfin de mon corps avec mes pleurs. Le Gange, bordel. Non, l’Amazone. Un putain de fleuve.
Et les amis. Les bons, les présents, les de ceux qui sont là. La famille. Les ex. Les gentils, les ça a juste pas fonctionné. Ils étaient tous là. Tu vas la sortir de ta vie, c’te personne là. T’es forte, ma chérie.
Facile? Non. Long? Oui. Déchirant? Salement. Soulagement? Infiniment grand. Mais aujourd’hui, disparue, cette noirceur. Pis pas d’avis de recherche à partager ni sur un fil d’actualités gorgés de liens rapides, clic-clic, fast-food de nouvelles, oh, il n’est plus ami avec elle, lui? Ni sur un carton de lait rétro style. Non. Plus de contact. Pour que mes bobos guérissent. Pour que mes cicatrices invisibles, qui bariolent mon cœur et mon âme, elles s’effacent.
Filles et gars, restez pas dans ça. Ça, là, ça tue un p’tit peu plus chaque jour. Chaque fois que l’autre est là.
Eille toi. Tu m’as pas eue. M’en suis sortie, de ta toile. Je me suis reconstruite. Pis je vis.
Par Marylène Kirouac