« – Tu l’aimes encore?
– Non.
Non, je ne l’aime plus – du moins, plus de cette manière. Elle n’est plus ma raison de me lever le matin, ni la raison pour laquelle j’ai hâte d’arriver chez moi après une longue journée. Son rire n’est plus un son que j’entends en boucle dans ma tête pour me faire sourire et la voir ne me replonge pas dans une nostalgie incontrôlable qui me tiendrait au lit des jours durant. Elle ne me fait plus de bien. Son nom, sa date de naissance, sa chanson préférée, son film fétiche ne sont que des choses que je connais d’une inconnue, d’une personne que j’aimais il y a de ça quelques temps, durant un bon moment. Je n’ai plus envie de la croiser à chaque endroit où je vais et je n’ai plus envie que le destin nous remette sur le même chemin. D’un autre côté, je ne peux pas imaginer ma vie sans la recroiser à un certain moment, juste pour voir ce que ça ferait ; ce qu’elle est devenue, ce qu’elle éprouve à ma rencontre.
Je ne l’aime plus.
Pas comme quand on est amoureuse. Penser à elle ne me fait pas sentir bien. Mon cœur se brise un peu à chaque fois, et mes pensées errent dans des endroits qui me font un peu trop mal, qui me laissent un peu trop de cicatrices.
Je ne l’aime plus.
Tu auras beau me dire que, si je pleure encore, si ma douleur est encore trop grande, c’est parce que je l’aime autant que le premier jour, mais détrompe-toi.
Je ne l’aime plus.
L’amour ça ne fait pas mal, pas comme ça. L’amour ça fait du bien, ça rend heureux. Le rejet fait mal, l’incompréhension fait mal, le sentiment de culpabilité fait mal, la honte fait mal, la perte de repères fait mal. Pas l’amour.
Je ne l’aime plus.
Je pleure, parce que je déteste ce qu’il reste de moi, combien je suis massacrée, combien mon cœur a été anéanti, refroidi. Je hais combien ma confiance a été trompée et mon amour utilisé. Elle a pris tout ce que j’ai de bon et l’a détourné à ses propres intérêts.
Je ne l’aime plus.
J’aime ce que j’étais avant elle et durant les bons moments. J’aime le souvenir que j’ai de nous deux, j’aime les personnes que nous étions l’une pour l’autre quand tout allait bien. J’aime l’idée que c’était vrai, que c’était merveilleux.
Je ne l’aime plus.
Je ne peux plus l’aimer. Mon cœur n’y est plus, ma tête est ailleurs et mon corps n’en peut plus.
– Promets-moi que tu ne l’aimes plus.
– Je te promets que l’amour ne fait jamais aussi mal. Que ces larmes sont des blessures, pas de l’amour, pas du manque. Ce sont les larmes d’une fille qui tente de se reconstruire, une larme à la fois. C’est un exorcisme – un exorcisme d’elle. Elle m’a dépossédé de moi-même, à moi de me déposséder d’elle. »
Anonyme
Source photo de couverture