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Travailler en restauration

crédits: Noémie Plouffe

Travailler en restauration C’est de manquer les 5@7 Les soirées entre chums

Les anniversaires.

C’est de se faire demander (dans les peu de soupers de famille que tu peux avoir par année), à quand viendra ta « vraie carrière, là, t’sais? »

C’est d’être short staff crissement tout l’temps

C’est de faire face à des clients exigeants, désagréables, demandants, mécontents,

brûlants.

C’est de se faire claquer des doigts, une fois d’temps en temps
de s’faire crier après quand ça manque de bière au fond du verre.

C’est de penser que ton serveur ou ta serveuse est un robot avec dix mains, quatre jambes, pis une énorme
patience.

C’est de recevoir des présumées Céline Dion une fois de temps en temps (jt’aime Céline, no
offense),
pis de répondre à leurs demandes comme si,

tout d’un coup,
ils étaient vip de vivre.

C’est de prendre les pires clients, pis d’en parler, avec tous ceux qui travaillent avec toi derrière le bar, pis de les juger

avec un plaisir fou

C’est de leur souhaiter de l’herpès d’in yeux,
tellement ils sont fins avec toi.

C’est pas toujours évident,
comme n’importe quoi, tu vas m’dire.

J’ai envie d’te dire que, si t’as eu un excellent service, pis que tu prends la peine de le répéter 3 fois,

tu sais que, tu peux en mettre plus que 15%.

Même si « c’est la base ». pis que, sur ta facture de 275$, ton petit 20$ minable va probablement m’faire chier jusqu’à mon enterrement parce que j’ai payé pour te servir, parce que j’ai été fine,

pis patiente,

pis à ton service pas mal jusqu’à la dernière goutte d’alcool qui coule dans tes veines
parce que tu m’as demandé une quinzaine de shots, pis de verres, pis de nachos, pis de cossins. Que tu m’as fait faire des allers-retours au lieu de me commander tout d’un coup,

chaque fois que je demandais à tes chums si quelqu’un voulait autre chose à boire.

Tu sais aussi que ça se peut, que parfois, j’t’oublie,

mais que ça se dit, quand je passe deux cent vingt fois à côté d’toi :« Hey, m’as tu oubliée?»

T’sais, au lieu d’être en criss après moi parce que ça fait une heure que t’attends, pis que j’étais débordée, pis que j’lai oublié

ton esti d’café.

J’ai envie d’te dire que, chaque fois où tu ne prends même pas l’temps pour consulter le menu, pis que tu me demandes de te le réciter au grand complet avec chaque détail sur les aliments, pis de quantité d’grains d’sels, tu m’donnes un peu d’angoisse parce que j’ai déjà douze commandes en attente,

pis que pour être ben honnête avec toi.

J’ai vraiment pas le temps de t’énumérer les douze bières en fût avec leur différence, leur arôme en bouche, pis leur IBU, les 4 sortes de vins, les 15 sortes de gin queb qu’on tient, pis, l’menu d’bouffe au grand complet, pis d’te voir me regarder pendant soixante deux ans, en pleine hésitation de c’que tu vas prendre. Ça me fait un peu, beaucoup, énormément perdre patience.

Prends l’temps d’y penser, j’vais repasser.

La pass, as changé bien des choses pour bien des gens
Certains ne peuvent plus, d’autres ne veulent plus sortir.

Ça donne du fil à retordre aux employés qui sont littéralement oublié de te le demander, à l’exiger, sous peine de recevoir une amende salée, de vivre une mise à pied ou de vivre avec des clients insultés, insultants, outrés, impolis, exigeants et impatients,

prétentieux et dégradants.

Pis, c’est pas compliqué, pour toi, mon cher client, Sors ton passeport sanitaire, ton permis de conduire,

pis, l’tour est joué.

T’sais, au lieu d’être méprisant à mon égard, pis d’me crier dessus parce que t’as oublié ton permis de conduire depuis que t’as l’âge légal d’aller dans un bar,

c’est pas mon problème.

Les règles sont claires, il te manque un ou l’autre,
ben lucky you, j’ai d’la bière pour emporter,
merci de disposer.

J’suis serveuse, j’suis pas médecin. Dans le sens que, c’est pas la fin du monde si je t’ai oublié, si tu patientes cinq minutes de plus pour ton café qui coule, à l’heure ou on se parle d’ailleurs, si ta bière reste vide, quelques instants, quand tu me vois courir, de tout bord, tout côté, c’pas que je veux pas te faire de refile, c’est qu’en ce moment, y’a des gens qui attendent après moi depuis sûrement plus longtemps que toi. Ps sois rassuré, même si tu patientes quelques instants,

y’aura pas mort d’homme.

J’suis humaine, comme toi. Les erreurs ça m’arrive, pis ça arrive, je m’en excuse, pis je suis sincère quand j’te l’dis, j’suis pas ta bonne

ni ta servante.

///

J’ai envie un peu qu’on cheer upce milieu qu’est la restauration,
qu’on était pas mal tous à bout de vivre de pu pouvoir y mettre les pieds pendant le shut down (rappelle-toi en une fois de temps en temps), que ceux-là ont eu, et continue d’avoir peur, pour leur job instable,

pour les mesures de plus qu’on leur ajoutent.

Pis à soir lève ton verre à ta serveuse ou ton serveur, dis-lui merci, sois polis, sois gentils, sois respectueux et compatissants, pis surtout, surtout, arrête d’la faire chier avec tes commentaires minablesTon tips du clients qui,

clairement n’a pas assez d’argent pour lui donner le 3/4 d’la valeur du service que cet humain t’auras donné ce soir.

Tu viens ici pour boire, oublie pas le pourboire. C’est le revenu, leur revenu mon revenu,

en passant.

Pis c’est pas le 10.75 de l’heure qui va me faire payer mon loyer c’mois-ci, pis ni celui d’après,

jurée sur ma vie.

Pis sans eux, elles, lui et moi, ben, t’en aurais pas de remplissage de bière aux deux minutes, pis de soirées avec tes chums à commander tout c’qui te chante sans lever un centime de

ton petit doigt.

Détrompez-vous, j’adore ce que je fais. Je rencontre des gens génial, j’échange sur des sujets, j’apprends des choses pis t’sais, y’en a aussi des fins, des réguliers qui viennent prendre leur bières chaque semaine, pis qui nous disent à quel point ils nous aiment,

qui nous jasent de leur vie.

Pis qui nous font rire. Des nouveaux, qui découvrent la place pour la première fois, qui sont donc bin contents d’être heureux, pis reconnaissants de découvrir « une entreprise queb ». Pis des gens de passage qui sont amusants et respectueux, mais malheureusement, on dirait que les plus désagréables

sont souvent ceux qui prennent toute la place.

// Fait que j’me suis commandé un chandail qui dit: « La barmaid te déteste ». Pis j’te jure que c’est vrai,

95% du temps.

Sur ce, j’vais aller ramasser le restant de vomi qu’un client m’a si gentiment laissé sur 3pieds carré d’la terrasse après avoir bu comme un trou. Pis en laissant pas mal juste 2.3% d’tips.

C’pas pour tout l’monde les mathématiques!

Par Noémie Plouffe

Révisé par Amélie Carrier

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