L’Histoire nous apprend qu’une frénésie mondiale ne peut s’enflammer que sur le brasier du désespoir. L’opium, les années folles, le rock and roll, le Nyquil sont des exemples de comment l’Homme cherche et réussit à annihiler son mal alors que les atrocités de ses semblables — guerres, carnages, déréliction — ont donné les bleus à n’importe quel humain quand est venu le temps de se demander « La civilisation, quossa donne »?
On va parler des ostis de Pokémon.
Comment avez-vous entendu parler de Pokémon Go?
Tu as vu ça passer sur ton fil Facebook. Tu t’estimes déjà tanné d’en entendre parler, alors tu t’exprimes en faisant un statut Facebook disant que tu es tanné d’en entendre parler. Tu ajoutes même que ça-ne-fait-pas-partie-des-choses-importantes. Quelles sont-elles, les choses importantes à parler? Rappelle-toi, j’y reviens.
Quand as-tu entendu parler de Pokémon Go?
Certains diront que l’application ou la plateforme de jeu a été lancée au cours de juillet. Certains diront qu’elle a été lancée un peu après Orlando, un peu pendant Nice, et juste avant (fill the blanks du prochain lieu d’attentat). Certains autres diront que Pokémon Go est sorti pendant l’été, la saison la plus clémente pour faire sortir le pedestrian d’intérieur, pour qu’il aille attraper Bulbasaur à la fontaine de Tourny, ou qu’il échange un Jigglypuff dans la côte Badelard.
L’allégorie de la caverne et les Illuminati.
Platon et les Youtubeurs fuckés qui vivent dans leur sous-sol humide du sud des États-Unis en train de watcher les U.F.O. sur le side ont quelque chose en commun : ils croient que les Pokémon sont une distraction à l’Homme pour qu’il ne s’intéresse pas aux vraies affaires. Platon avait prédit l’avènement de Pikachu, genre, big time. Ainsi, on se couperait de l’horreur d’une réalité dans laquelle on s’entretue, où les inégalités sont à vif et les petits vieux baignent dans leur pisse, pour céder place, dans le canal servant d’information, d’apprentissage et d’écoute des échos de l’actualité de notre vivant, à un jeu. Céder place à un jeu fait pour jouer.
Qu’est-ce que ça a de bon Pokémon Go?
Ça fait sortir les nerds de chez eux. Ça guérit les dépressifs. Ça attire du monde dans les commerces géolocalisés. Ça applique la Darwin Law. C’est-à-dire que si t’es trop cave pour ne pas comprendre le danger d’aller capturer Psyduck sur l’autoroute 20 dans ton jeu de réalité augmentée sur ton cellulaire, eh ben, t’es aussi mieux mort, l’humanité se portera mieux sans toi. Et vlan dans les dents du même coup des p’tites filles qui meurent en tombant entre les rails de métro parce que trop occupées à texter, et les fracturés cérébraux par leur chaudière lors du Ice Bucket Challenge. #throwback
Qu’est-ce que t’as besoin de savoir sur Pokémon Go sans être obligé de jouer?
C’est que la question n’est pas de jouer ou pas, d’en parler ou pas de ce phénomène social éphémère, c’est d’avaler notre défaite cuisante devant l’impuissance à soulager un monde de souffrance mené par la peur et la cupidité où, peu importe de quel côté de l’arme on se situe, on ne pourra échapper à la bête mortalité de la condition humaine.
P.S. Viens me retrouver cet aprèm au lac Saint-Charles, je cherche à échanger un Mewtew contre un Charizard.