T’es trop gentille.
Cette phrase-là, je l’ai entendue souvent dans ma vie. On me l’a dite à de multiples reprises et bien que l’intention derrière cette remarque n’est pas méchante, elle me renvoie tout de même l’idée, à chaque fois, que ma gentillesse me fait défaut. Ça me donne l’impression qu’il y a quelque chose de défaillant en moi. Comme l’expression le dit : « trop, c’est comme pas assez. »
Dernièrement, on m’a approché pour un petit contrat dans une compagnie. Cela était censé prendre environ une heure de mon temps. Lorsque je me suis présentée sur les lieux pour effectuer les tâches qu’on me demandait, on m’a drôlement accueillie. J’ai perçu beaucoup d’indifférence à mon égard et tout semblait désorganisé. J’ai compris, au bout d’un certain temps, que le propriétaire avait des problèmes avec le programme permettant d’exécuter mes tâches et, au lieu de gérer la situation de façon professionnelle en me disant de revenir une autre journée, ce que j’aurais compris, on m’a fait attendre.
En plus de me faire perdre mon temps pendant plus d’une heure, j’ai été témoin de conflits entre des employées de la compagnie et le propriétaire. Il y avait un profond manque de respect et de professionnalisme de sa part. Tout de suite, je me suis dit intérieurement : est-ce que j’ai envie de contribuer à cette compagnie en étant témoin de ce manque de respect. La réponse était instinctivement non.
En allant le voir pour lui expliquer que je trouvais dommage qu’on m’ait fait attendre, celui-ci m’a automatiquement coupé la parole en étant très colérique dans son ton de voix. En d’autres mots, il m’a carrément manqué de respect et ne m’a pas laissé le soin de m’exprimer. Je lui ai répondu calmement que je n’aimais pas la façon dont il me parlait et nous avons convenu, après qu’il se soit montré faussement compatissant, que je fasse le travail à distance.
J’ai donc quitté les lieux en pleur en acceptant toujours le travail qu’on m’avait offert.
Cela m’a pris la journée complète pour réaliser que c’était contre mes valeurs de travailler pour ce genre de personne.
C’est plus tard, en soirée, quand j’ai parlé de cette situation avec mon copain, que celui-ci m’a dit la fameuse phrase : « Tu es trop gentille. » Il a enchaîné : « Si j’avais été là, je lui aurais dit sur-le-champ ma façon de penser. »
Et c’est là que j’ai trouvé la force et le courage de répondre à mon copain ceci : « Je sais que ce n’était pas méchant de ta part, mais non, je ne suis pas trop gentille. Je suis juste gentille. De la gentillesse, je n’en aurai jamais de trop. »
Nous avons débattu sur le sujet et celui-ci était d’accord avec mes propos. Il m’a tout de suite rassurée en me disant qu’il voulait simplement me faire réaliser que ce genre de manque de respect était, selon lui, intolérable. Et il n’a pas tort. C’est quand même après avoir parlé avec mon copain que j’étais convaincue que je devais mettre fin à ce contrat. Ce que j’ai fait.
Ceci étant dit, le but de mon article est surtout de défendre les personnes comme moi qui ne possèdent pas la rigidité intrinsèque, mais plutôt la douceur intrinsèque. Cette profonde gentillesse et compassion intérieure qui nous fait douter de nous au lieu de l’autre. Cette gentillesse qui n’entraîne pas de colère impulsive comme premier mécanisme de défense.
La vie m’a certainement appris, grâce à cette expérience, une belle leçon, soit de mettre mes limites et que j’ai le droit au respect, mais je veux aussi mettre au clair quelque chose : je n’ai pas agi mal en ne prenant pas une décision instantanément.
Je n’ai pas été TROP gentille de ne pas avoir répondu à sa colère.
Je ne suis pas trop gentille d’avoir osé garder ce que je pensais de cette personne et d’éviter d’agir sous l’impulsion.
Je n’ai pas été trop gentille d’avoir décidé de mettre fin à ce contrat de façon professionnelle et respectueuse.
Même si aux yeux de certains le calme, la gentillesse et la douceur ne semblent pas se mériter quand quelqu’un nous manque de respect, je ne vois pas les choses sous cet angle.
Et je sais pertinemment avec les années que cela reste une force en moi.
Ma grand-mère vous dirait qu’on ne prêche que par l’exemple.
J’ai eu le courage de mentionner à cette personne que je n’avais pas aimé comment elle me parlait. Est-ce mauvais de ne pas le dire sous un ton colérique et de ne pas lui dire ma façon de penser? Non.
Une chose inévitable qui précède une réaction sous la colère : les remords. Après coup, je trouve toujours que le bill est cher payé quand je décide de me laisser gouverner par ces reines.
La meilleure arme déstabilisante est selon moi de ne pas entrer dans le même jeu que son adversaire. Je ne suis pas faible en ne répondant pas à la violence ou à l’agressivité de quelqu’un, au contraire…
Kill them with kindness, they said… ♥️