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Depuis toi, je me suis promise de ne plus me laisser avoir. Depuis toi, j’ai grandi, j’ai vieilli, j’ai travaillé à ne pas juste paraître, mais à devenir forte. Depuis toi, je m’aime et je n’ai plus besoin de toi pour le faire. Depuis toi, je suis toute grande, toute fière. Depuis toi, je suis correcte.
Sauf que ça ne m’empêche pas de t’halluciner quelquefois dans la rue. De t’entrevoir quand il y a quelqu’un de dos qui te ressemble. De stresser des fois quand je fais l’épicerie en me disant : « imagine que je le croise? ». Jusqu’à ce que ça l’arrive pour de vrai.
Et quand ça l’arrive pour vrai : il y a un fragment de seconde où je crois t’avoir imaginé et, quand je réalise que c’est bien toi, le temps s’arrête. Une partie de moi s’écroule et l’autre essaye de faire bonne impression. J’ai l’impression de m’engourdir, comme si j’avais oublié ce que c’était de t’avoir aimé et que doucement tout me revenait.
Je fais comme si je ne t’avais pas vu et je regarde rapidement les contours de mon visage pour m’assurer que tout est encore en place. Je regarde frénétiquement mon cellulaire pour avoir l’air de faire quelque chose de pertinent. Je rougis un peu aussi, même si je ne veux pas, même si ça m’énerve.
Je prie pour ne pas croiser tes yeux parce que je sais ce qu’ils peuvent faire. Tranquillement, mon cœur se réajuste, il se remet encore de nous.
Une petite partie de moi est fière parce que ma première idée n’a pas été que tu me remarques à tout prix. Au contraire, je t’observe en espérant que tu ne viennes pas me parler.
Je me fais mille scénarios de choses que je pourrais te dire. Je voudrais que tu saches que je vais bien, que tout va bien
Puis, je te vois payer, partir, quitter encore.
Je n’ai pas eu le temps de tout te dire, et c’est tant mieux.
Je suis une grande femme toute remise en place, mais ça fait quand même une fissure de voir ton visage une nouvelle fois.
Je ne t’écrirai pas que je t’ai vu en arrivant chez moi. Je te laisse enfin partir.