Peut-être que c’est une question de génération, mais j’ai le sentiment que si tu es née entre les années 80 et 90, y’a des grandes chances qu’on t’ait dit quoi faire avec ton poil de noune.
Si tu as vécu les émois de la puberté aux grandes heures de gloire de Sex and the City, de Xtina et autres Britney à la minoune shavée sortant en commando de la limo, tu te souviendras qu’on associait partout le scalpage de la toison pubienne comme étant un reflet de la plus grande accessibilité à la pornographie. Décrié un instant par les alentours, puis élevé la seconde suivante en dictat de la « fashionabilisation » de ta petite place. Ah! Comme on s’est fait traiter de génération hypersexualisée!
Au frontispice des revues « cosmopolitantes », on nous a dit que les gars, ils aimaient même pas ça le poil, bon! On a dit aux gars qu’ils ne devaient pas aimer ça, du poil. (On leur a fait accroire à ces mêmes gars à la même époque qu’ils devaient se raser le torse et les aisselles et le poil des gosses et se mettre beaucoup de produits Axe.) Et que du gazon sur ton autoroute du plaisir, c’était moins joli, moins esthétique dans les strings, que ça aère l’area, les odeurs, et que c’est plus confortable. On nous a dit aussi qu’avoir la ploune chauve allait améliorer notre vie sexuelle… Toutes les stars le font, qu’ils nous disent. Ça devient un référent populaire, partout, toutes les femmes jeunes et cool ont le minou sur le cuir. Dirrty ou ne pas dirrty, tel est le rasoir.
MAIS là. Nous voilà, une quinzaine d’années plus tard, une fois que toutes les madames ont payé 1500 $ de traitement au laser pour la « plouploune », on réclame à nouveau le vison!
Chelsea Handler témoigne du phénomène dans son dernier one-woman-show (il est sur Netflix), American Apparel surfe sur la néo-tendance en 2014 en mettant en vitrine des mannequins de lingerie au vison bien garni. Marketing aidant, par des voies alternatives de médias qui veulent notre bien, les mêmes revues nous dictant l’épilage de notre intimité revendiquent maintenant la motte au naturel. « Vous aurez moins de chance de pogner une maladie sexuelle, moins d’infections, de poils incarnés, c’est économique, c’est… féministe ». Oh, wait.
Bien que ce retour au naturel (coïncidant drôlement avec un simple retour cyclique des modes : les années 70, le shag et moustache pour messieurs, une carefree attitude, les idéaux portés jusque dans le linge et l’assiette) puisse s’inscrire dans la lignée velue d’une réappropriation du corps plus près de son état de maturité sexuelle, de puberté passée, de naturel-ainsi-que-nous-avons-été-créées, ça reste toujours dangereux, d’un bord comme de l’autre, de dicter à une femme comment s’orner ce qui se passe dans sa bobette.
Fait que.
Fais ce que tu veux.
Ta touffe, ton choix.