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Je suis en panne. Complètement bloquée. Je n’arrive pas à écrire. Pas au sens propre, évidemment; j’arrive encore à placer les lettres une après l’autre dans le sens logique pour former des mots et des phrases. Mais j’ai le syndrome de la page blanche.
Il existe une tonne de choses sur lesquelles je pourrais écrire. Je peux rédiger 800 mots sur la pluie et le beau temps, vous expliquer comment cuisiner un risotto ou comment changer un pneu de voiture. Je pourrais aussi écrire sur des sujets moins insignifiants comme la politique, la sociologie ou le féminisme. Mais je ne suis pas inspirée.
Je pourrais tout autant écrire du drame. Celui-ci permet parfois d’écrire de bonnes histoires. Mais je sens que j’ai fait le tour, je ne veux plus en parler. Les gens ne veulent plus en entendre parler non plus.
Je pourrais écrire sur mon bonheur, mais je ne sais plus où il est ni ce qui lui est arrivé. Il a quitté son nid il y a quelques temps et n’est toujours pas revenu. Et je l’ai désespérément cherché partout : dans le travail, dans mes passe-temps, dans le sport, dans les rencontres, dans l’écriture, dans les sorties. Niet, nada, rien. Mon bonheur a disparu.
Pourtant, j’ai toujours eu le bonheur facile et été de nature plutôt positive, même dans l’adversité. J’ai toujours su trouver autre chose vers quoi me tourner pour me sentir mieux. Autre chose sur quoi me concentrer en attendant que le nuage gris passe au-dessus de ma tête.
Mais malgré tous mes efforts, je ressens toujours un vide. Ma quête demeure infructueuse. Il faut croire que je cherche à la mauvaise place. Ou que je ne sais pas ce que je cherche.
La dernière fois que je l’ai vu, il était habillé comment, mon bonheur facile?
Mon bonheur facile, il vient des autres. Il vient des relations que j’entretiens avec mes proches. On a beau dire qu’il n’y a que soi pour faire son bonheur, mais si ton soi est tout seul, il risque d’être malheureux. C’est la grande différence entre solitude et isolement. Ma solitude, je l’apprécie. Mais l’isolement, lui, n’a rien d’inspirant.
Pour écrire, il faut être inspiré, avoir quelque chose à raconter. Je suis inspirée par les humains qui m’entourent. Aujourd’hui je suis bloquée, parce qu’il n’y a plus assez d’humains autour de moi. Dans une ville de 2 millions d’habitants, je ne me serai jamais autant sentie seule.
J’ai le syndrome de la page blanche parce que je suis en manque de contacts humains vrais et sincères. Et ce sont ces contacts qui me nourrissent vraiment. C’est à travers une discussion avec une amie, des fous rires autour d’une grande table ou un coup de fil de ma maman, que je peux me sentir stimulée et que je peux trouver de quoi écrire. Ce sont ces contacts qui me mettent en mouvement, me font réfléchir. Ce sont mes relations avec les gens qui m’alimentent, m’animent et me rendent créative.
J’ai soif de vrai. Je veux des rencontres passionnantes, des fous rires complices, des discussions profondes, des plaisirs partagés. J’ai besoin d’écrire des histoires heureuses, des histoires drôles et des histoires passionnées dans le livre de ma vie. Je veux retrouver mon bonheur facile et mon inspiration.