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SPM

Le mois passé, pendant mon SPM, je n’étais pas du monde.

À bien y penser, le mois d’avant non plus.

À vrai dire, je ne me souviens pas la dernière fois où ça s’est bien relativement passé. Je ne me souviens pas de la dernière fois où je ne me suis pas engueulé avec mon amoureux pendant mon syndrome prémenstruel. Et je dis bien que « je me suis engueulé avec lui » parce que vraiment, lui ne s’est pas engueulé avec moi. Il a plutôt enduré ma crise en essayant comme il le pouvait d’apaiser les souffrances de mon âme, en vain. Je me tourmentais pour la moindre respiration de travers et me flagellais l’esprit avec mille scénarios plus excessifs les uns que les autres. Mais le pire venait surtout du fait que j’extériorisais tous mes tracas avec la délicatesse d’un ouragan qui aurait été mis en scène par le réalisateur de L’exorcisme.

J’avais jamais vraiment suivi mon cycle de près, mais dernièrement, j’ai téléchargé une application qui calcule les algorithmes de mon cycle et qui me dit assez précisément quand je vais être menstruée, quand je vais ovuler et quand je serai en syndrome prémenstruel. Je l’ai téléchargée au départ parce que je ne me trouvais pas très régulière et que ça m’agaçait. (Aussi parce que la docteure qui m’a posé mon stérilet m’a chicanée de ne pas connaître  mon cycle par cœur. C’était la journée même de la pose, j’étais tellement stressée que j’ai pleuré parce que je me sentais humiliée et que je mettais la vie de mon utérus dans les mains d’une femme qui semblait me haïr. Mais bon, c’est une histoire pour une autre fois…)

Finalement, cette semaine, en entrant les informations nécessaires à mon algorithme, j’ai pris conscience que ça m’arrivait toujours pendant mes SPM. Ça m’a éclaté dans la face comme une bombe : comment j’ai fait pour ne pas m’en rendre compte avant? Moi qui pensais que j’étais peut-être aux prises d’un trouble bipolaire ou encore de personnalité limite. Et dire que ça aurait vraiment pu être ça puisque c’est assez fréquent dans ma famille. Sauf que les chances que ce soit effectivement ça, en plus de mon anxiété et de mon TDA… il aurait fallu que je sois malchanceuse en ti-péché! Malgré tout, ça me faisait peur et je n’ai pas osé consulter pendant plusieurs années.

Once a month, I’m going full M. Hyde.

Je voyais bien que ça revenait toujours, j’avais la sensation d’avoir le poids du monde sur mes épaules. Le désespoir et la misère s’agrippaient à moi, leurs ongles profondément enfoncés dans la vallée de mes larmes noircissaient le pourtour de mes yeux.

J’ai googlé.

Une fois par mois, soit je fais de l’insomnie, soit je suis incapable de me réveiller.

Une fois par mois, j’ai envie de mourir.

Une fois par mois, je ruine ce que j’ai entrepris, que ce soit mes relations amicales, amoureuses, mon travail, mes études.

Une fois par mois, je suis complètement dans les vapes, je ne vois plus rien, j’ai la rétine fatiguée.

Une fois par mois, je n’ai plus aucune concentration, je n’ai plus aucune motivation.

Une fois par mois, je me désintéresse des choses que j’aime faire.

Une fois par mois, je n’ai plus assez de confiance pour m’adresser aux autres, ne serait-ce que le temps d’un sourire.

Une fois par mois, j’ai plus faim.

Une fois par mois, je deviens complètement parano et je crains qu’on se joue de moi.

Une fois par mois, je me tords de douleurs, comme si j’allais accoucher de mon stérilet.

Une fois par mois, je me noie dans mes larmes.

Bien vite, j’ai vu que j’étais loin d’être seule. J’ai lu des témoignages de femmes qui ont brisé leur relation amoureuse avec de la paranoïa prémenstruelle ou même qui se sont fait renvoyer de leur travail pour plein de raisons liées à leur SPM. Parmi ce qu’elles disaient, il y avait une phrase qui revenait souvent : « Le syndrome prémenstruel, c’est inconfortable, mais ça ne devrait pas être handicapant. »

C’est comme ça que j’ai appris l’existence du Trouble dysphorique prémenstruel. Ça, c’est comme des SPM sur les stéroïdes. Pis apparemment, il y a 5 à 10% des femmes qui en sont victimes ; un chiffre énorme pour un trouble dont nous n’entendons jamais parler.

Source

Donc, ce matin, j’ai eu la force d’appeler mon médecin pour éclaircir mon cas, et surtout, savoir ce qu’il y a à faire avec ça. C’est avec les témoignages d’autres femmes et personnes menstruées que j’ai recueilli assez de courage pour prendre un rendez-vous sans avoir peur d’avoir l’air de la femme clichée avec les SPM ravageurs.

Merci à toutes celles qui en ont parlé, et continuez comme ça.

On mérite de savoir ce qui nous arrive, une fois par mois.

Et entre temps, si vous me demandez si j’agis de la sorte parce que je suis en SPM, j’vous punche! ? ♥

Source photo couverture

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