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Si jamais je devais partir

Salut mon gars! C’est papa. J’ai pensé t’écrire directement à toi, mais surtout au futur toi. J’m’en vais où avec ça? T’inquiètes pas, tout va bien. C’est juste qu’il m’est passé par la tête que si jamais il m’arrivait quoi que ce soit (parce que non, on ne contrôle pas toujours ces malheurs-là) et que je ne puisse plus jamais te parler, te voir ou te répéter 100 fois de ramasser ta chambre ou ces 4 choses-là en même temps (surtout la dernière), eh bien tu conserveras au moins ceci comme souvenir concret. Les écrits restent…

J’te vois déjà rouler des yeux en te disant : « Ouf. T’es lourd. » Oui, j’sais. Ça doit être ça, vieillir. Pas que je me considère vieux, là, mais disons qu’on ne pense pas à ça à 20 ans.

Que tu m’aies déjà trouvé stressant, gossant, radoteux, énervant, (lourd?), sur ton dos, plate, pas cool et niaiseux me rend fier. Fier, parce que ce sont toutes des preuves que je me suis occupé de toi et que je t’ai donné de l’attention. Parce que oui, s’occuper de son fils veut aussi vouloir dire toutes ces affaires plates là. On fait ça, quand on aime comme je t’aime, de façon inconditionnelle. Sans tomber dans la philosophie de parents nostalgiques de voir leur enfant grandir et ne plus être des bébés, j’te dirais que, moi, ça m’enchante qu’à 15 ans tu me dépasses déjà d’un pouce et que tu pèses plus que moi (quoiqu’avec ma shape de gars qui passerait aisément derrière une affiche collée au mur, ce n’est pas un grand exploit pour toi, mais quand même).

Te voir te développer physiquement me rappelle que la vie avance drôlement vite. Devoir maintenant lever les yeux pour regarder dans les tiens, entendre ta voix grave et qui est à mille lieux différente de celle qui faisait que les voisins devaient fermer leurs fenêtres quand, petit, tu sortais jouer dehors. Combien de fois t’a-t-on crié par la nôtre de parler moins fort, mais, à bien y penser, tu ne faisais que t’amuser avec ta voix à rendre jalouse une soprano. Et au-delà de cet aspect, c’est ton évolution mentale que je commence à apprécier grandement. Des fois, quand tu me parles, c’est plus fort que moi, mes oreilles se bouchent et j’arrête de t’écouter. Pas que ce que tu me dis ne m’intéresse pas, mais plutôt parce que tu commences à me parler davantage en jeune adulte. Tes réflexions, tes commentaires. C’est aussi ça, grandir.

Rappelle-toi toujours de ces trois choses : quoi que tu fasses dans la vie, assures-toi que ça t’amuse, entoures-toi de gens qui te tirent vers le haut et ne croque jamais dans une Advil Liqui-Gel. Jamais.

Je souhaite être là à ta première peine d’amour et je te souhaite surtout d’en avoir au moins une, crois-moi. On se rend compte plus tard de leur effet bénéfique sur nos relations futures quand on a appris à comprendre le pourquoi de l’échec de celles du passé. Ne mens pas, même si c’est pour éviter de blesser. Les blessures d’avoir dit la vérité guérissent, les mensonges jamais.

J’espère aussi être grand-papa un jour, mais ça, ça t’appartient. J’aimerais ça pour qu’à ton tour, tu comprennes comment on peut se sentir important de se faire réveiller en sursaut en pleine nuit pour aller consoler ton enfant qui crie parce qu’il a fait un cauchemar, puis en te rendant, piler sur un Lego, avoir les deux genoux qui te plient et tomber par terre en sacrant à moitié tout nu. Impossible de trouver deux émotions plus contradictoires que celles-là en si peu de temps.

Rends la femme (ou même peut-être l’homme) que t’auras personnellement choisie heureuse. Ce n’est pas tout de te marier à quelqu’un de bien, tu dois d’abord et avant tout le ressentir en dedans de toi, ce bien. Prends conscience que les femmes et les hommes sont différents (les femmes ne sentent pas leurs bas pour savoir s’ils sont sales ou leurs doigts pour savoir si… ouin non… en tout cas, VOUS ÊTES D-I-F-F-É-R-E-N-T-S). Ne laisse pas la vengeance, la rancœur et l’amertume de vos p’tites chicanes prendre le dessus, et pardonne. Fais les premiers pas pour régler vos conflits; avec ce geste, tu seras déjà pardonné à 50 % sans avoir dit un mot.

Sois persuadé de ton choix, fais tout pour elle sans rien attendre en retour. Aime-la pour ce qu’elle est et non pas pour ce que tu voudrais qu’elle soit. Parce que t’sais, si tu la perds, la prochaine (et toutes les autres, en fait) ne seront pas nécessairement non plus comme tu voudrais qu’elles soient. Pis si elle t’aime autant que tu l’aimes, avec votre vie remplie de hauts et de bas, l’ascenseur reviendra. Sinon, ce n’était pas la bonne. (P.-s. – Relis la dernière phrase, y avait une blague. Une blague de papa, mais une blague quand même.)

Quand je n’y serai plus, parle-moi quand même, même pour ne rien dire. Questionne-moi à voix haute quand t’auras des doutes. J’te répondrai assurément pas, mais de questionner dans le vide te fera entendre ton problème pis te fera réaliser bien des choses. Pis se jaser de tout et de rien pendant qu’on peut profiter de l’autre te fera savoir ce que j’en penserais à ce moment. Pour ça, j’essaie fort de te faire mariner dans l’amour maintenant.

Mais en attendant, je suis là. Toute là. Ne te sens pas comme si tu m’avais déjà perdu. Mon appui à 200 % dans tout ce qui te passionnera tant que je serai là te le prouvera. Vis ta vie. Crois en toi. Ne laisse pas la peur ou l’inquiétude t’arrêter pis RAMASSE TA CHAMBRE!!!

Par Patrick Laperrière

Source: couverture

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