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Si école = angoisse

Profitant de la chaleur estivale qui se veut malheureusement éphémère au Québec, une amie et moi parlions de tout et de rien sur une terrasse. Entre deux sujets de conversation, elle m’a demandé quand je commençais l’école déjà…? L’ÉCOLE?! Instantanément, j’ai eu comme une boule dans le ventre, mon corps s’est raidi, j’ai froncé les sourcils, je me suis gratté le front, mordu les lèvres, j’ai inspiré longuement par le nez… le stress m’avait envahie. Sans prévenir, comme ça, malgré le soleil et ma limonade aux framboises, l’école est synonyme d’angoisse pour moi. Le gros du problème, c’est que j’y retourne dans quelques jours…

Quand j’étais petite je voulais devenir astronome et arboricultrice (oui-oui dans la même vie), comme plan de retraite, je prévoyais chanter et faire quelques tournées mondiales, avant de me lancer dans l’humanitaire et de remporter un Nobel de la paix… J’en étais à cette époque de naïveté rêveuse et de rêve naïf… Mon métier serait en lien avec ce que j’aime. Ce que j’aime me ferait vivre. Simple et efficace. Puis, j’ai réalisé qu’avoir une passion et des intérêts ne suffisait pas à avoir le droit et les compétences d’exercer certaines professions et, qu’en plus de se choisir une vocation, il fallait aller à l’école. SHIT! Imaginez ma déception quand, en première année, j’ai réalisé qu’il y avait une suite au primaire et que les études post-secondaires pouvaient durer très très trèèèèèès longtemps. Je ne m’en suis jamais remise je pense…

J’ai aimé l’école. Vraiment. Sauf que, j’ai changé. Vraiment.

Je l’ai quand même fréquentée, et ce, sérieusement, pendant la majeure partie de ma vie. Elle m’a vue grandir, j’y ai connu mes premières chutes et mes premiers amis, appris à travailler en équipe et à « procrastiner » aussi…. Je sais la chance que j’ai eue d’avoir accès à l’éducation et les sacrifices que mes parents ont faits… Je ne savais toutefois pas si notre relation était saine et complice. Un jour, j’ai douté de l’école, je n’avais plus confiance en elle. J’avais l’impression de m’impliquer dans le vide, d’investir dans un bout de papier inutile. Alors je l’ai laissée. J’ai eu peur, j’ai voulu allez voir ailleurs, retrouver mon individualité, savoir si j’étais jusqu’alors restée avec elle pour les bonnes raisons ou non.

Source

Je n’ai pas été à l’école pendant un an. J’avais ces cours à distance que j’essayais d’accomplir par peur de quitter totalement le système scolaire. Je me suis quand même retrouvée seule face à ma vie d’adulte en dehors d’un cadre gérant mon horaire et ma liberté. Le temps m’a fait du bien et l’espace dont j’avais besoin s’est créé. Et puis, c’est revenu; j’ai eu envie de retourner en classe. J’avais donc cessé d’aller à l’école pour un besoin valable, mais je ne voulais pas y retourner pour une raison non-négligeable : l’école m’angoissait toujours. En prenant le temps d’analyser ma réaction alarmante de l’autre jour sur la terrasse, j’ai réalisé que mon stress scolaire était beaucoup lié à une certaine pression et à des préjugés…

Visiblement, mes émotions sont troublées par des concepts dont je devrais être capable de me défaire et je suis convaincue de ne pas être la seule bousculée par des idées et des idéaux qui n’ont rien à voir avec le « gros bon sens ».

Ainsi :

  1. Je ne suis pas et je ne serai pas trop vielle pour aller à l’école. Félicitations à ceux qui ont couru vers leurs diplôme, mais chacun son rythme ok? Avoir un diplôme universitaire à 20 ans, n’est pas preuve de maturité ou de succès. Il n’est jamais trop tard pour décider de se lancer dans un parcours d’apprentissage et c’est bien de prendre le temps de trouver ce qui nous convient vraiment.
  2. Je n’ai pas à dire adieu à ma vie sociale. Ce n’est pas parce que je suis à l’école à temps plein que je dois m’enfermer dans une cellule pour étudier 24/7! Le fait de placer mes études au sommet de mes priorités pendant la session ne doit pas inhiber le reste de la pyramide. (Il n’est pas recommandé d’inclure Netflix dans sa pyramide…)
  3. Rien n’est la fin du monde à l’école. Il faut dédramatiser là. Couler un cours, ça fait mal, mais ça ne tue pas! Il y a toute une vie et une suite de parcours après! Il faut cesser de voir ses échecs comme des finalités, éviter de se rabaisser inutilement et de se tronçonner l’estime de soi. L’important c’est de planifier la façon de s’en relever. Faire de son mieux et faire de son mieux encore. Le reste, eh bien, j’ai fait de mon mieux non?
  4. Oui, mon cerveau fonctionne. J’ai souvent l’impression que ma tête rebelle n’est pas faite pour l’école… j’ai souvent remis en question un cours, une méthode, un livre obligatoire, le système, ou encore je me perds dans un élan de créativité qui ne convient pas à la tâche d’apprentissage. Toutefois, cela ne veut pas dire que j’ai un déficit d’attention, seulement que mon cerveau fonctionne! C’est sain! Je me dois d’entretenir ce qui me nourrit et me motive, mais en dehors de l’école. C’est une belle façon de passer à travers ce qui peut être une longue session.
  5. Je ne suis pas pauvre. Être étudiant c’est passer la majeure partie de son temps à l’école, payer beaucoup de choses, travailler autant que possible, et ce, souvent au salaire minimum. Ce n’est pas toujours agréable admettons, mais ce n’est pas ça la pauvreté. Google it si tu ne me crois pas…
  6. Je ne suis pas seule. Aucun étudiant ne l’est. À quelque part, on est tous dans le même bateau et, savoir que d’autres vivent et survivent à ce qu’on vit, peut motiver et créer un sentiment d’appartenance à la société étudiante.

Ma motivation première à poursuivre mes études réside dans ma soif d’apprendre. Je n’ai pas toujours saisi ce que mes professeurs auraient voulu m’enseigner, mais j’y ai toujours trouvé quelque chose de nouveau et d’intéressant à étudier. Sincèrement, j’ai presque hâte de recommencer… J’ai l’intention de profiter des années d’études qui me restent en stressant le moins possible et en demeurant au meilleur de mes capacités, sachant que ces dernières s’amélioreront. Et puis, toute chose a une fin. Eh oui! Même l’école…

Par Aïcha N’diaye

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