As-tu déjà eu l’impression de te perdre un peu?
T’sais, se perdre, c’est pas toujours négatif. Parfois, c’est seulement qu’il arrive tellement de choses qu’on sait plus trop vers où se diriger ou, du moins, on avance d’une façon un peu aveugle en trébuchant de temps en temps. On se fait croire que notre chemin est ben sécuritaire tout en sachant à quel point il est sinueux. Parfois, se perdre, c’est plutôt se perdre dans ses pensées. Être mêlé.e par rapport à ce qu’on veut et ce qu’on veut être.
Ça arrive à tout le monde. C’est un peu comme ça que ça marche. On a pas vraiment le choix de continuer à marcher, peu importe qui on croise en chemin et qui on abandonne sur la route, peu importe si on sait qu’on a aucune idée où on s’en va.
Entre toi pis moi, c’est tout croche, la vie. Surtout quand on est dans la vingtaine. On dirait qu’être perdu.e est le nom de l’épisode de la vingtaine dans la série de notre vie.
On sait pas trop ce qu’on fait, mais on sait qu’on fait du mieux qu’on peut. Pis honnêtement, c’est pas mal juste ça qui est important. Faire du mieux qu’on peut, tout le temps.
J’ai déménagé récemment.
Un déménagement que j’attendais depuis longtemps.
Un déménagement qui prenait des allures de « Il reste juste cela avant… »
Ma pièce manquante.
J’ai repris de vieilles habitudes.
Des habitudes que j’avais oubliées.
Des habitudes auxquelles je n’avais jamais pensé.
J’avais oublié de prendre conscience de leur disparition.
Et j’ai réalisé que je m’étais peut-être un peu perdue.
Je me suis retrouvée à manger des fruits congelés dans du yogourt aux pêches avec un sourire vraiment démesuré pour ce qu’il se passait. Pourquoi?
Introspection aux teintes fruitées et froides.
Il s’en est passé des choses avant de me rendre ici.
J’ai jamais pris conscience que j’avais arrêté de manger cette collation. C’est lorsque j’ai fait la recette que j’ai réalisé que j’avais arrêté.
Mais ce qui est le plus important, c’est que j’ai réalisé que j’avais recommencé.
Traite-moi de folle, mais j’ai réellement trouvé une signification à ma maudite collation.
On se fait fesser par la gauche et après par la droite. On peine à marcher pour finalement prendre assez d’assurance pour courir pour se re-péter la gueule par la suite.
Y’a des périodes plus grosses que d’autres. Des années aux danses mouvementées.
Puis, un beau jour, on finit par recommencer à vivre normalement. On est dans notre routine ben tranquille et on se rend compte qu’on a recommencé à manger des fruits congelés. Tout bonnement, comme ça.
Notre attente s’est tannée d’attendre, on est arrivés là où le X était marqué sur la carte de notre vie.
Je me suis tapé une de ces boucles, bien loin d’être ronde. Je suis passée par beaucoup de chemins et pas les plus sécuritaires tout le temps. Mais, je suis revenue là où j’étais.
Le vent a pogné, tout s’est envolé, puis s’est finalement assoupi.
Les torrents se sont transformés en brise. Confortable, rafraîchissante.
Je m’appelle Amélie.
Version améliorée, recette changée.
Toujours la même, mais mieux.
Mes cheveux virevoltent, la brise me rougit les joues.
Mes yeux brillent, les cerfs-volants s’envolent.
Tout va bien.
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