Se mettre au premier plan de sa propre vie ne devrait en aucun cas générer des sentiments d’égoïsme et de culpabilité ou alors soulever des angoisses. Pourtant…
Pourtant, ce réflexe de toujours faire passer les autres avant moi a été et est toujours extrêmement difficile à casser. Dormir moins pour (encore) consoler une amie sachant que je dois me lever aux aurores, toujours être celle qui dépanne les gens dans la « schnout », participer à une activité qui ne me tente pas vraiment pour éviter qu’une personne se sente seule, mettre de côté mes projets pour aider quelqu’un dans les siens… Cette roue, je suis pleinement consciente que c’est moi qui la fais tourner.
Je suis bien quand les gens sont bien. J’aime faire plaisir parce que ça me fait plaisir, pour vrai. Pas juste parce que je crains la force redoutable du karma.
Vite comme ça, j’ai l’air de crouler sous les projets. C’est vrai, sauf qu’à moins qu’il s’agisse d’un contrat payant où l’obligation et le professionnalisme me poussent dans le derrière, je n’en termine aucun. Mes mille intérêts et moi, on ne sait pas toujours comment s’orienter.
Vient un moment dans ta vie où tu vois l’évolution de tous ces gens que tu épaules, qui te remercient d’être là, qui te disent que sans ton support, ils ne savent pas s’ils y seraient parvenus. Ça fait chaud au cœur, tu te réjouis dans l’atteinte d’objectifs de ces personnes que tu apprécies. Mais un jour, tu te réveilles, et tous ces rêves mis en veille, ces projets inachevés, ces idées qui n’ont jamais quitté l’embryon surgissent d’un coup sec, comme un chat qui crache enfin sa boule de poils.
Une grosse motte de poils, ça ne se ravale pas sans s’étouffer. C’est un peu comme ça que je me sens envers mes projets qui en ont marre de stagner dans l’enfance, et ne rêvent que de puberté (tant qu’à parler de poil).
Mes projets m’ont rattrapée. L’effervescence de mon cerveau 24h/24 depuis que 2018 a sonné me le rappelle. Mes idées pèsent les parois de ma boîte crânienne dans l’espoir d’en surgir et de se métaboliser en action. Des projets qui passent du point A au point B sans s’éterniser lors d’une pause-café. MES projets. Si je suis bonne pour propulser les autres vers le haut, pourquoi ne pourrais-je pas en faire autant pour mon moi-même?
Se choisir, pour moi, c’est dur. Dire à quelqu’un que j’aime « non, je ne suis pas libre pour aller dîner » parce que je suis dans ma bulle créative du moment, c’est dur. Mais vous savez quoi… quand on émane perpétuellement des good vibes, les gens comprennent. Les gens acceptent, les gens disent « pas de problème, on se reprend! ». Se choisir va de pair avec mettre ses limites, un concept pas toujours évident à mettre en pratique.
Se sentir accompli au travers des autres créera toujours une carence dans notre quête humaine du bonheur et de l’émancipation de notre Être unique. C’est entre toi et toi que ça se passe. Cesse de faire de tes talents multiples tes ennemis, cesse de déchoir sous un sentiment d’imposture qui t’empêche d’avancer.
Thomas Edison a échoué près de 2000 essais avant que sa « christie» d’ampoule incandescente n’allume. Qui ne tente rien n’a rien.
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