J’ai tellement envie d’accomplir. Autour de moi, sur les réseaux sociaux, partout, les opportunités affluent. Je croise du monde, « Salut ça va bien ? Oh my gosh, faut que tu viennes ce soir ! » ou bien, « Hey, oublie pas que t’as ça à faire pour l’association. Oh, pis, t’as pas oublié le bénévolat ce week-end, hein ? ». J’ai toujours quelque chose à faire. C’est tellement tentant d’aller à tous ces partys, à toutes ces conférences, d’être toujours en avant-garde pour ne rien manquer. Connaître tout le monde, aller à tel endroit pour connaître encore plus de monde. Ne pas oublier de rappeler à telle personne qu’on existe. Ne pas oublier de nourrir son blog, on ne sait jamais. Toujours être à l’affût des nouveaux événements sur Facebook, être « intéressée » par tout. Sauter sur son cell chaque fois qu’on entend la sonnerie, actualiser constamment ses applications pour être sûr qu’il n’y a pas d’autres notifications à consulter. Être active, alerte, à 100%.
Oublier le plus important.
J’ai tellement peur qu’on ne remarque pas mon absence. Mon cauchemar, c’est qu’on me dise : « Oh mon dieu, t’as manqué un truc malade !! ». Et si j’avais manqué une opportunité professionnelle ? Une rencontre ? Ou pire, une occasion de m’amuser ? Je me sentirais vraiment poche. Le temps passe si vite et j’ai peur de ne pas y arriver. De ne pas réussir à exister. Parce que c’est ça, finalement. Toutes ces occasions, ces paroles, ces actes saccadés… c’est pour prendre sa place dans le monde, et la garder. Être partout, disponible à tout moment, tout gérer.
Oublier le plus important.
Le plus important, c’est moi. Parfois, je me tiens on the edge, plus communément appelé « aux remparts du burnout ». Quand la pression écrase mon thorax alors que je me noie, quand je sens que mon cœur est trop lourd et que je m’apprête à toucher les abîmes de cet océan d’opportunités qui vont et viennent, j’arrête. J’éteins le portable et le cellulaire. Je me libère de mon tailleur et je kick mes talons. J’essuie mon highlighter bon marché et mon rouge à lèvres féroce. Je baisse la lumière et, une fois que tout est silencieux et calme, je plonge dans la mousse réconfortante de mon bain. C’est là que la magie opère : quand je lâche prise. Quand je prends le temps d’apprécier ce que j’ai fait aujourd’hui et que je me récompense en prenant un peu de temps pour ne rien faire. Juste… m’ennuyer. Tourner en rond dans la cuisine. Casser trois œufs en méditant. Chantonner en mûrissant les futures décisions à prendre. M’affaler sur le canapé et fermer les yeux, juste pour le plaisir d’apprécier la plénitude du rien.
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