Tu disais que j’étais la plus sauvage des sauvages. Que de marée en marée, j’me laissais emportée, que j’finissais toujours pas m’échouer sur la plage avant d’me relever. Au soleil levant, j’me faisais sécher pis. plus tard dans la journée, j’laissais le vent m’emporter.
Tu disais qu’si on m’cherchait, c’était ailleurs qu’il fallait aller. Que ma fougue et mon élan ne pouvaient pas tolérer les murs de notre appartement, que l’écho des montagnes m’appelait bien plus fort que le confort de nos draps blancs.
Tu disais que mes cheveux reflétaient le sel dans lequel je flottais, que mon teint prenait celui de la lune et que les étoiles dans mes yeux, je les avais volées lors d’une escapade nocturne.
Tu disais que j’étais la plus sauvage des sauvages. Qu’il n’en aurait fallu que peu pour qu’un jour, je parte et j’décide de n’plus revenir sans même t’avertir.
Tu disais que tu savais que je t’aimais, mais que tu savais que ça n’avait rien à voir avec la manière que j’avais d’aimer les fleurs, d’aimer les marais. Que la meilleure manière de faire briller mes yeux était d’éteindre tout et de m’laisser regarder le ciel jusqu’à c’que j’me sente si bien qu’naturellement, j’m’endorme au sol.
Tu disais que mes cheveux ébouriffés imitaient bien les plantes hirsutes du désert, qu’à leur manière, j’tentais d’me protéger de tout c’qui pouvait m’enlever ce petit côté sauvage, celui qui coulait dans mes veines.
Tu disais que j’étais la plus sauvage des sauvages. Que le temps ne m’arrêtait pas, que les portes fermées ne m’effrayaient pas et que chaque chose que je n’pouvais pas changer, j’avais cette facilité à l’accepter. Que ma tranquillité d’esprit était aussi démesurée que l’anxiété que j’pouvais ressentir quand d’tout c’qui était sauvage, j’tentais de m’éloigner.
Tu disais que j’étais la plus sauvage des sauvages. Que partout où j’irais, j’allais m’adapter. Que sans toi, j’allais m’adapter.
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