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Sang bleu : hommage à une charogne

La pièce Sang bleu, des créateurs Andréane Leclerc et Dany Desjardins, est présentée au théâtre La Chapelle jusqu’au 2 mars. Mariant danse et théâtre, la chorégraphie invite à la rencontre de deux créatures rampantes et meurtries.

À la manière d’Une charogne de Baudelaire, les deux danseurs offrent le spectacle de leur nudité, enlaidie tantôt par les mouvements disloqués et patibulaires, tantôt par les fleurs de moisissures qui habillent leur peau. D’abord vêtus de longues perruques qui laissent présager la pousse éternelle de leurs cheveux après la mort, les interprètes se dénudent en mettant bien leurs corps en évidence dans la crasse. Attirés comme la vermine par la lumière, ils se roulent et s’affaissent sur une scène souillée, triturant leurs corps un après l’autre, dans l’attente du réveil de leur double. À travers la trame sonore d’Olivier Girouard, Leclerc et Desjardins nous proposent une danse macabre à l’ambiance glauque.

Les transformations de Leclerc, valsant entre zombie et sainte, sont livrées par une interprétation qui saisit, en réponse à la précision et à la vivacité de Desjardins. Les corps dérangent, mis à nu dans une nudité asexuée, balancée là sur le sol. Et malgré la proposition qui semble enlaidie et salie dès le départ, il ressort de Sang bleu une certaine beauté, un genre de nature morte.

Inspirés par les esthétiques du peintre Odd Nerdrum, et par la série Chrysalides de Patrick Bernatchez, les chorégraphes ont réussi à intégrer une ribambelle de poses rappelant l’atmosphère cauchemardesque des artistes. Le public, voyeur de cette comédie noire, est amené à voir les diverses contorsions des corps, quelques fois en grâce et souplesse, mais souvent avec violence. Et malgré toute la saleté, c’est la somptuosité d’Une charogne qui m’est restée en tête du début à la fin, et le public, comme : le ciel regardai(en)t la carcasse superbe / Comme une fleur s’épanouir.

Photo de couverture : source

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