Les projecteurs se sont braqués sur la série Ruptures bien avant sa première diffusion, cet hiver, à Radio-Canada-Ici-Télé-Réseau-Pénelope-McQuade-Informations-Société-Unité-9… Jamais capable de me rappeler du nouveau nom de la station, désolé!
Avec Mariloup Wolfe à la réalisation, les conditions de travail dénoncées par l’équipe technique et le décès tragique de Carl Shunamon, assistant-cantinier, que plusieurs avaient associé au rythme effréné du plateau, Ruptures avait déjà fait couler beaucoup d’encre longtemps avant de se retrouver sur mon radar télévisuel et le ton parfois souvent acerbe de mes chroniques. Mentionnons que la CSST a, depuis, écarté l’hypothèse du surmenage entourant l’accident du tunnel Ville-Marie ayant coûté la vie au jeune homme, blanchissant au passage Aetios, la compagnie de production de Fabienne Larouche. C’est Anne Fortier qui s’en réjouit.
J’ai analysé pour toi la première saison de Ruptures alors que, déjà, une deuxième est confirmée, à moins qu’une mutinerie en lien avec la fraîcheur des sandwichs pas de croûtes ne vienne faire dérailler le projet. Comment t’expliquer, sans trop faire de peine à Mariloup, mes impressions de l’épisode un? Disons que je l’ai détesté à en faire de l’urticaire, mais pas assez pour avoir besoin d’une consultation avec un dermatologue. Avocate spécialisée en droit de la famille, Ariane Beaumont se donne le mandat de représenter des clients généralement hystériques et tente de recoller les pots cassés de familles plus dysfonctionnelles que celles de Lindsay Lohan et de Michael Jackson réunies.
Dans l’introduction, une femme frénétique hurle contre les policiers qui lui arrachent ses enfants de force. Le père agressif, incapable de gérer ses émotions, pique une crise au restaurant pour des biscuits soda et ce, devant son bébé complètement inconsolable. C’est irritant, brutal et trop dramatique dans ma vie pour un mercredi soir. Les choses ne s’arrangent guère avec l’homme qui oublie son bébé dans l’auto, à l’épisode quatre, alors que Brigitte Lafleur demande la garde exclusive de leur enfant à naître, visiblement exténuée par le nombre de rénovations de maisons qu’elle a accumulées dans la dernière décennie. #CommentRénoverQuandOnMèneUneVieDeFou!
Pourtant, la série a su se tailler une place de choix dans ma routine télévisuelle. Voici donc un palmarès des 5 bonnes raisons d’écouter l’émission :
Si tu décides de dégainer ton arme et de la planter dans le dos de ton collègue de travail, assure-toi de ne pas rater ta cible, car cet élan d’impertinence pourrait te coûter bien plus cher qu’une nouvelle chemise. Dans le monde des avocats, tous les coups semblent permis et les personnages de Ruptures l’ont compris: harcèlement sexuel, rébellion, insubordination… Gagner une bataille ne veut pas nécessairement dire gagner la guerre. Tu éprouveras du plaisir à aimer les méchants et souhaiter intérieurement la chute de ton personnage préféré pour le simple bonheur de le voir se relever avec plus de conviction qu’un bébé qui apprend à marcher.
Brillamment interprétée par Isabel Richer, Claude Boily est LE personnage à ne pas manquer cette année à la télé québécoise. Carriériste, frondeuse, arrogante, sarcastique et aussi rigide qu’une barre à clous, rien ne l’arrête. Les circonstances mystérieuses entourant son arrêt de travail forcé, la pression de ses associés qui lui montrent la porte et la relation amour/haine qu’elle entretient avec le personnage principal nous la rend un peu plus humaine. Même lorsqu’elle semble de bonne foi, elle zig quand tu crois qu’elle s’apprête à faire un zag. L’épisode neuf démontre comment elle prépare un bon petit café pour enterrer la hache de guerre – ou la pitcher dans le front de son adversaire, c’est selon.
-Parce que la première scène d’amour entre Ariane et Étienne, complètement habillés sur le divan, comporte autant de chimie que mon relevé de notes du secondaire, c’est-à-dire aucune!!! Apparemment, les avocats sont si occupés qu’ils doivent faire l’amour avec leurs vêtements pour sauver du temps.
-Parce qu’on n’a pas peur de montrer une paire de seins (épisode six, messieurs) ou d’en faire l’intrigue principale de la mère d’Ariane avec ses implants mammaires défectueux.
-Pour la réplique totalement hilarante d’une scène d’ébats sexuels en plein air. Gars : « Si quelqu’un arrive, mettons? » Fille : « Y’a jamais personne qui vient ici… » Gars : « Sauf que j’te jure que y’a quelqu’un qui va venir!! »! Ouhhhhhhhh.
Loi 101 oblige, tu ne manqueras aucun échange qui se déroule dans la langue de Shakespeare puisque tu auras droit à des sous-titres, et ce, pour un simple raclement de gorge…Tu pourras maintenant connaître le jargon des gens de bureau dans les deux langues sans avoir à endurer les interminables montées et descentes d’ascenseurs malaisantes, le goût amer du café à saveur de promotion gagnée à genoux ou visionner une seconde de l’insupportable Complexe G à TVA.
Déjudiciarisation : Orientation politique ou administrative qui vise à éviter le recours aux tribunaux. Essaie de prononcer ce mot plus de trois fois sans te faire une entorse de langue. 28 points au Scrabble.
Affidavit : Écrit dans lequel on déclare solennellement devant une personne autorisée par la loi, comme un commissaire à l’assermentation, que les faits qui y sont énoncés sont vrais. Pourrait facilement se retrouver sur la liste des prénoms les plus insolites de 2016.
Entériner : Ratifier ou enregistrer juridiquement un acte qui ne pourrait valoir sans cette formalité. Rien avoir avec la gastro-entérite, pas contagieux, promis.
Dire que j’ai failli rompre avec l’émission après le premier épisode. Comme quoi ça peut payer de laisser une seconde chance (sauf au gars que tu fréquentes et qui couche avec ta sœur pendant que tu te fais enlever les amygdales. Celui-là ne mérite pas plus d’attention que son micro pénis!)!