Matinée, plage, début d’été
J’ai du sable sous mes pieds; Mes orteils s’étirent; Elles s’y déposent;
Doucement.
Il ne doit pas encore être l’heure d’éveil; Le paysage s’extirpe tout juste de sa torpeur; Il s’active nonchalamment. Il a cette opportunité des paysages de vacances;
Il n’est pas pressé par le temps.
La rosé s’émisse autour de moi; Elle se déplace hâtivement, elle est agitée;
Son travail doit être fini avant que la mer s’étreigne de sa coloration matinale.
Un doux bleu-gris d’une opaque transparence. Le soleil s’élève avec une lenteur imperceptible; Il s’impose tout en finesse sur le paysage qui m’entoure; Les couleurs se modifient, le monde se change peu à peu;
Il s’empare de chaque instant, le modifiant à sa guise.
Il monte lentement sur mon corps il embrasse chaque parcelle de cette chair qui me constitue;
Je ressens sa chaleur, me réchauffant suffisamment pour qu’un sentiment d’apaisement s’installe en moi.
Le soleil mire sur ma peau; L’air a une odeur saline;
Une odeur légère et tactile.
Les herbes hautes valsent avec le vent; Grandes et élancées; Leur parfait synchronisme est déconcertant;
Elles ont dû répéter la nuit durant.
Mes pieds bousculent le sable humide; Ils veulent sentir chaque grain qui habille l’espace; Chaque fragment de terre qui constitue ce panorama. Je pense à l’infiniment petit de leur existence; Au nombre incalculable de fragments granulaires qui constitue ce monde;
Je suis émerveillée.
Mais un rien m’émerveille; Je suis de ces gens facilement saisis par les détails d’un instant;
J’ai l’émerveillement facile.
Le soleil se dresse déjà dans le ciel; L’engrenage journalier semble s’être engagé. Je savoure l’existence;
Demeurant insatiable.
Hâte-toi lentement à venir me rejoindre;
Je ne voudrais pas que tu brusques la vie sur ton chemin.
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