Ils se sont laissés par textos, elle est partie, il fréquente déjà quelqu’un d’autre, il s’est remarié, elle a changé de job, ils ont déménagé en Australie, elle est revenue sans lui, ils se sont laissé. Ils sont revenus ensemble non? Oui, mais non. C’est fini. Elle est sur Tinder. Encore.
Je la laisse, anyways ça ne peut pas fonctionner.
Je l’ai laissé, rien à faire avec ça.
On vit dans une société de rupture. Dans un rythme de consommation réglé par les cadrans de l’obsolescence programmée et de poubelles beaucoup plus pleines que nos bacs de recyclages. On gaspille et on suremballe, on rachète ce qu’on ne sait plus sur qu’elle étagère on a rangé. On surconsomme sans même savoir pourquoi. À coup d’objets scintillants, de corps inconnus et de nouveaux cœurs, on passe le temps et les heures. Les êtres humains vont et viennent dans notre vie, c’est comme l’apocalypse du romantisme et l’ascension de la culture du hookup. Mes parents ont divorcé, les tiens se sont séparés, on se demande si grand-papa et grand-maman se sont déjà aimés… En fait que suis convaincu que non. Il avait de l’affection pour elle, elle s’est plainte de lui toute sa vie. Les engagements qui durent et qui s’endurent se font rares. Pourquoi rester quand il y a peut-être mieux ailleurs? Quand quitter l’autre devient normal et que la résilience humaine s’entraîne désormais dans le fait de recommencer plutôt que de poursuivre. La nuance entre essayer de réparer et s’acharner à maintenir en vie est floue. Je me questionne sur l’absence d’exemple d’engagement à long terme dans nos environnements et sur l’impact que cela a sur nous.
Je me questionne et je me refuse d’abdiquer sur nous. Ce nous, ce toi et moi, ensemble, partenaires de jeux et partenaires de vie. T’sais le « nous »! Il est où? Il me semble si rare de nos jours… Enfoui sous les médias sociaux et nos addictions à nos cellulaires. Il est quasi-impossible, est occident, en 2017, d’être en relation avec quelqu’un sans utiliser la technologie comme intermédiaire. C’est une bonne chose qui a un double tranchant qu’on empoigne depuis longtemps. Un revers de médaille qui fait la promotion d’une vitesse d’utilisation de toute chose en accéléré. Vite fait, mal fait. La lecture des messages, la réponse à ceux-ci, les bonjours et les adieux n’auront jamais été aussi instantanés. Et c’est normal. On semble s’y habituer. Facebook a pris l’absence de révolte sur le sujet comme notre consentement. Stalker est donc un sport pratiqué de tous, et notre absence de vie privé à rayer au passage la qualité de nos conversations loin de la technologie et notre vision personnelle du couple. Les médias sociaux te disent que c’est cool, c’est cool, c’est goals, c’est goals. That’s it. Ça me semble alertant cette normalisation de la relation éphémère. Je ne dis pas ici que la solution c’est de se marier jeune et de faire durer notre couple coûte que coûte, trouver une job et la garder jusqu’à sa retraite et ne jamais jamais utiliser son téléphone pour aller sur Instagram là! J’essaie juste de partager cette impression et cet espoir qui résident en moi et qui présentent le fait que « nous » sommes faits pour plus que du court terme, du sexe sans lendemain, des likes, des snaps et Tinder.
Aujourd’hui, être célibataire ou être en couple est difficile. Il y a cette immense vague de désinvolture humaine, méfiance et tromperie, histoire d’horreur et jugement. Naïvement, mais sûrement, j’ai confiance en nous. Toi, moi, eux, nous. Confiance qu’on va réfléchir à ça. Confiance que si on a à rompre et recommencer, on ne se laissera pas par texto.