Ça faisait deux, trois ans que je t’avais vu.
Je me souviens que tu étais dans ta cuisine, les deux mains dans tes cheveux. On pleurait tous les deux, tu te souviens? Je t’avais laissé, mais tu comprenais. Tu comprenais ce qui m’avait poussée à le faire, même si ton cœur ne voulait pas m’entendre.
On ne se chicanait presque jamais, pourtant. J’avais juste de la misère à faire avec ta dépendance, ton besoin de me voir souvent, trop souvent. On dirait que tu oubliais qu’on se voyait à l’école cinq jours sur sept, alors je te l’ai dit, souvent, que ça m’étouffait.
J’ai besoin de liberté, moi. J’ai besoin de liberté, mais ce sont les souvenirs qui m’empêchaient de franchir la porte, d’y accéder. C’est ce jour-là que, dans ta cuisine, j’ai tourné la poignée.
Ça fait deux, trois ans de ça. Ça fait un an et demi que j’en suis revenue peut-être. Ça a été difficile de ne pas trop aller voir ton Facebook, de ne pas relire les messages que tu m’avais envoyés, alors j’ai tout supprimé. J’ai supprimé les photos, les messages et je t’ai retiré de tous mes comptes. Tu m’as reparlé quelques fois et ça a été dur de se souvenir de ce qu’on avait appelé « nous ».
C’est là, il y a six ou sept mois, que tu m’as contactée pour du sérieux. Ta jambe était franchement amochée. Un verre avait éclaté sur ta jambe, ton os était touché. C’était arrivé la veille, que tu m’as dit. T’as pas essayé de faire pitié, t’as rien fait qui aurait pu me faire fuir.
T’arrivais plus à bouger, alors je suis allée te voir. T’avais jamais eu mal comme ça, que tu m’as dit.
On s’est revus par après. On se disait qu’on ne voulait pas revenir ensemble, que ce n’était pas bon de revenir avec son ex, parce que c’est vrai dans certains cas.
Mais c’était plus fort que nous. On a pris notre temps, promis. Il avait pris du vieux. Il était plus indépendant, moins influençable et c’est encore le cas aujourd’hui.
On est heureux. Est-ce que c’est vraiment mal?