À l’ère des trois p (productivité, performance et perfectionnisme), on peut facilement se mettre à douter de nos capacités. Évidemment, se remettre en question sur des réflexions intérieures (comme « Ai-je agit correctement ? » ; « Suis-je assez empathique avec mes pairs ? » ; « Est-ce que mes réactions sont exagérés ? » ; « Est-ce que mes actions reflètent mes valeurs ? »), ça peut être très, très sain, mais dès que ça tombe dans la catégorie de l’extérieur (pas de l’apparence pour autant : « Est-ce que j’en fais assez ? » ; « Comment pourrais-je en faire plus ? » ; « Suis-je assez ? » ; « Est-ce que je donne mon maximum ? »), ça peut devenir problématique. Cette dernière catégorie, quand elle est modérée, peut être bénéfique pour soi et pour les autres. Si elle occupe toute la place, ça peut s’avérer catastrophique. Pour soi et pour les autres.
Bien sûr, je m’inclue là-dedans. Comme mentionné plus haut, on vit dans une époque où on ne peut pas vraiment éviter ce genre de questionnement. Évidemment, tout le monde essaie un peu de se rapprocher de la perfection à sa manière – personne ne veut être la pire version de soi-même ! Mais dans le système sociétal dans lequel on vit, pendant que certains le font pour survivre, d’autres le font pour régner. Je pense qu’on passe trop de temps à se questionner à savoir si on est assez parfait, et pas assez à savoir si c’est vraiment nécessaire de l’être. C’est bien de vouloir travailler sur soi, mais pourquoi faudrait-il toujours être parfait ? Est-ce qu’en quelque part, l’intention n’est pas d’être meilleur que l’autre ?
C’est d’abord ce qui m’a retenu de me lancer dans la mini-série Comment devenir une personne parfaite. J’ai dû me demander : « Est-ce que je devrais écouter ça, moi qui rush à être normale et fonctionnelle, est-ce que je vais ressentir de la pression et me déprécier davantage ? » Parce qu’en tant que jeune adulte, fière représentante de ma génération, je suis déjà passée par là… Je sais comment ça fini, ces histoires-là ! Est-ce que ça va me faire revivre mon angoisse de fille qui n’accepte pas bien ses limites ? Qu’est-ce que je vais retirer de mon écoute ?
Dans cette série contenant cinq épisodes d’environ 25 minutes chacun, disponible sur Tou.tv, on suit Rose-Aimée Automne T. Morin, 31 ans, dans sa quête de perfection. Elle se donne effectivement trois mois pour devenir plus sexy, plus intelligente, plus spirituelle et plus organisée en suivant des méthodes précises et approuvées par la science.
Est-ce que le résultat m’a surprise ? Zéro pis une barre. Je m’y attendais sur toute la ligne. La première fois que j’ai vue la pub, sans offense, je me suis dis : « Mais voyons ? Qui veut ça ? Qui veut jouer avec le feu ? » Mais, rapidement, c’est plutôt le processus et la vulgarisation des phénomènes qui m’ont intéressée. L’idée de la perfection me semblait tellement absurde que je me suis bien demandée comment elle allait réaliser ça, elle ! Et je n’ai pas été déçue.
Rose-Aimée m’est apparue comme une personne naturelle, un peu quircky, mais pas compliquée, comme c’est souvent le cas chez les personnes authentiques. Et c’est avec cette authenticité et son franc-parler qu’elle pose aux experts les questions qu’on n’a jamais osé poser. Tout au long, on décortique son désir de s’améliorer, mais, surtout, son image de la perfection qui, une fois simplifiée, semble parfois un peu tordue. On démêle tous ces concepts qui pèsent lourd sur nos épaules et, plus souvent qu’autrement, de façon subconsciente.
Est-ce que je recommande la série ? Absolument ! Le chemin qu’a emprunté Rose-Aimé est un modèle intéressant à suivre en parallèle afin d’apprendre à connaître nos limites personnelles et pour enclencher un processus de reconnaissance de soi. Quant à ma peur de revivre l’angoisse de mon passé trop contrôlé, eh bien, ce n’est pas arrivé. J’en ai même conclu que les choses qui vont sans dire méritent la plupart du temps d’être entendues quand même.
SPOILER ALERT
Voici quatre citations de la série qui, à mon avis, valent la peine d’être écrites quelque part dans les marges de votre bullet journal.
- Dit à propos de l’expérimentation de Rose-Aimée : « C’est quand même un beau passeport pour l’échec ! »
- Paraphrasé par souci d’économie linguistique : « Dans un contexte d’amélioration, on se centre sur des choses qui ne fonctionnent pas bien, et tout ce qui, dans ta vie, va bien, on l’oublie. Ça a donc certainement un impact sur l’humeur. »
- « Quand on s’entraîne trop ou qu’on fait trop de choses nouvelles, différentes, notre cerveau, il fait ça : il est en surcharge. Comme n’importe quoi, la batterie se vide et on performe moins bien. »
- Dit par une amie de Rose-Aimée, à propos du résultat de son expérimentation : « T’avais l’air plus fatigué mentalement, comme une espèce de lourdeur tout le temps. »
Crédit : Radio-Canada