L’idée d’être en couple m’a toujours un peu refroidie. Il s’agissait d’un statut qui me faisait affreusement peur, car j’y associais beaucoup trop de situations qui me déplaisent comme les routines, les chicanes, les ajustements, les émissions, la stagnation, l’atteinte d’un équilibre parfait, etc. J’ai également moins confiance en moi lorsque je suis à deux. On dirait que je me dégonfle étant donné que je me sens en sécurité. J’ai moins besoin d’être fière de moi, car il y a l’autre qui m’aime pour deux. Bref, je voyais ça comme un poids. Détrompez-vous, je désirais plus que tout être amoureuse, vivre le vrai amour, avoir quelqu’un avec qui partager les bons et les mauvais moments, quelqu’un à qui parler, avec qui tout partager. Mais maintenant j’ai besoin d’apprendre à aimer, ou plutôt d’apprendre de nouveau et d’une meilleure façon, avec l’homme de ma vie. Je n’ai pas peur de la routine, j’ai peur de perdre toute trace d’ambition, j’ai peur de m’oublier, j’ai peur que ce soit ennuyeux et que j’aie une seule envie, soit celle de m’empiffrer, de dormir et de me plaindre.
Le constat que j’ai effectué de ma relation précédente me démontrait que j’avais deux personnalités : la moi en couple et la moi seule. Et clairement, la moi seule est celle que je préfère de loin. La moi en couple oublie ses ambitions au profit d’une relation de couple équilibrée. Elle devient également dépendante affective. Elle fonce moins. Elle ne s’aventure généralement plus dans les sentiers non battus. Bref, elle reste à la maison et prépare un souper que personne ne lui a pas demandé de préparer et elle fait le lavage. La qualité de sa relation s’évalue donc par le degré de détachement qu’elle a envers son épanouissement personnel, comme si sa réussite allait à l’encontre de son engagement avec l’autre.
Alors pourquoi être en couple cette fois-ci? Qu’est-ce qui est différent cette fois? Eh bien, je me sens submergée par l’amour quand je gravite autour de lui. L’amour se matérialise en sa présence. Il me fait fondre. J’ai envie d’aimer ça, être en relation. Je veux être aussi folle avec lui que sans lui : aussi drôle, aussi épanouie, aussi heureuse, aussi moi. Je mets à la poubelle mes anciennes façons d’agir. Je ne cherche plus la perfection. J’apprends à ne pas me fâcher lorsqu’il me mouille les cheveux par « inadvertance » dans la douche. Je souris lorsqu’il me fait répéter, lorsqu’il ne comprend pas ce que je lui dis. Je n’ai pas envie de pogner les nerfs après lui, lorsqu’il ne fait tout comme je l’avais imaginé. Souper au restaurant le samedi soir en « amoureux » n’est plus gage de la santé de notre couple. J’ai envie de le kidnapper, de me retrouver sur île déserte avec lui pour avoir juste à l’aimer et rien d’autre. Je n’ai besoin de personne d’autre que lui pour être comblée. Je veux faire du camping avec lui. Partir avec seulement notre pack sac et faire le tour du monde. Je ne veux pas d’une grosse maison, juste mon petit cocon avec lui. J’ai le goût de trouver ça difficile avec lui, de me dépasser, de donner un sens à ma vie, d’être heureuse au boulot, de me lancer des défis, de sortir de ma zone de confort, de vivre simplement et de profiter de chaque parcelle de seconde avec lui comme si c’était la dernière. Je veux arriver à pleurer en sa présence, je veux le consoler lorsque lui aussi versera des larmes. J’ai envie d’être avec lui, mon petit bibi.