À ceux et celles qui ont cliqué sur le lien, je vous dis merci. Parce que y’a pas plus attirant pour un.e quétaine que d’aller lire sur quelqu’un d’autre qui est quétaine. Ça passe par une forme de validation. C’est de voir, enfin, que nous ne sommes pas seul.es.
Mais je tiens à dire tout de suite que je ne vous parlerai pas d’une quétaine mainstream, du genre « ah c’est cute, elle aime Céline Dion ». Nope. C’est pas ce genre de quétainerie-là. Je vous parle aujourd’hui de la quétaine ultime, celle qui n’est pas née à la bonne époque, la romantico-pragmatique qui aurait aimé ça aller danser sur des airs de Michel Louvain quand elle avait 16 ans.
Je rends aujourd’hui une forme (quétaine) d’hommage à cette personnalité unique, à cette façon inégalable de vivre son quotidien. La quétaine a dans son répertoire un vaste choix d’artistes. Ça part dans tous les sens, dans toutes les époques, c’est du Julie Masse à travers du Joe Dassin, du Martine St-Clair, du Ginette Renaud, en passant par des tounes des BB, de Britney Spears, sans oublier tous les incontournables de Michael Bublé. La quétaine connaît plein de danses en ligne et rêve secrètement à des journées thématiques « swing la bacaisse dans le fond de la boîte à bois » dans les bars de sa ville.
Les quétaines fêtent les célébrations en grand. Pauvre maison n’ayant rien demandé, devant les yeux figés de son compagnon, la quétaine décore de bibelots et de guirlandes les moindres recoins de la demeure. Elle en a pour toutes les occasions et elle s’y prend d’avance. Premier novembre, sitôt les citrouilles et les cocottes rangées, elle sortira son attirail de Noël. Arbre, boules, chandelles, guirlandes et boucles, on se croirait dans l’atelier du Père-Noël.
Février qui arrive, allez les confiseries en forme de cœur et les petites bouteilles de mousseux rose. C’est qu’elles aiment, en cachette, cette fête de l’amour où les gens de leur entourage deviennent un peu gagas comme elles. Une petite journée de rien du tout, mais une journée qui transforme le cœur des gens, un moment en suspens où enfin, comme elles, les gens prennent le temps de décorer leur cœur… et leurs pensées.
Et à ceux et celles qui croient que les achats et les échanges de seconde main sont récents, sachez que les quétaines le font depuis la nuit des temps. Reconnaître le vécu et la valeur d’objets éprouvés par le temps, à travers un désir de le figer, c’est le propre même des quétaines. Ils le font depuis toujours. Ils sont des professionnels des échanges de toutes sortes. Parce que pour chaque objet que l’on croirait dépassé, il y a une quétaine preneuse. Et je vous le dis, elles sont des héroïnes du recyclage et de la récupération. Ce sont de grandes alliées pour notre planète.
À la recherche de sens et de kitch, la quétaine rayonne par son idéalisme, sa naïveté, sa nostalgie des autres temps. Parfois moquée, souvent incomprise, elle se console en sachant qu’elle n’est pas seule et qu’il n’y a rien de mal à vouloir mettre un peu plus de lumière dans sa vie et celle des gens qu’elle aime.
D’ailleurs vous m’excuserez, mais je dois aller changer l’ampoule de ma guirlande illuminée intérieure de douze pieds.
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