On dit OUI à cette utilisation du rouge [digne du cinéma!] dans l’éclairage pour colorer plus encore nombre de pensées, discours et « sentiments » radicaux du texte, à cette forte présence scénique des trois comédiens incarnant des personnages tous submergés d’un grave mal de vivre, puis à ces jeux avec le décor, dont une trappe au sol, renfermant tantôt un feu tantôt un objet, ou encore la première marche au-devant découvrant un large tulle faisant ensuite office de robe pour Nadia. Et OUI d’ailleurs à cette projection sur ladite robe [splendide!] alors que la comédienne décrit un ciel en feu qui coule également sur le tulle noué à sa taille. Les projections au sol sont aussi très réussies, dont la voûte céleste! Enfin, une mise en scène et en espace juste et… malgré tout douce, qui contrebalance bien avec la lourdeur du propos. C’est courageux de porter ceci à la scène. Touchant! Ça n’a pas dû être évident — et surtout ç’a dû être bouleversant — pour les comédiens d’interpréter chacun un rôle aussi radical.
Un sujet lourd et percutant, qui peut rendre le spectateur parfois mal à l’aise, parfois l’amuser, mais qui porte à réfléchir. Qui démontre la fragilité et la recherche d’identité au cours de l’adolescence au travers d’un sujet qui peut sembler loin de nous, mais qui pourtant sillonne nos rues. Un jeu d’acteur franc et convaincant dans un décor sobre auquel on ajoute tout au long de la pièce des projections et effets visuels qui viennent agrémenter la pièce sans trop d’artifices, et c’était parfait comme ça.
On a trouvé cela audacieux et on leur souhaite un grand succès.
La question qui revient à quelques reprises, à laquelle les trois « embrigadés » tentent de répondre : « Qu’est-ce qu’il nous manque? ». On quitte en se la posant. On saisit de suite pourquoi ce spectacle constitue en soi un outil pédagogique.
Cette pièce du collectif Les Pentures est présentée à Premier Acte jusqu’au 31 mars. Avec Félix Delage-Laurin, Blanche Gionet-Lavigne et Vincent Massé-Gagné. Un texte de Félix Delage-Laurin, Blanche Gionet-Lavigne et Vincent Massé-Gagné.
Une mise en scène de Pascale Renaud-Hébert.
Billetterie juste ici !
© photo : Cath Langlois
En partie inspiré de témoignages et de faits réels, Embrigadés est née d’un désir de démystifier la haine qui s’enracine en nous. Quand l’avenir nous promet un monde de compromis et d’étiquettes, la violence se présente parfois comme le seul remède infaillible à la souffrance. L’humain en proie à un mal de vivre peut être dépassé par ses propres actions.
TOUS – J’ai rien fait de mal, c’était juste |
MARCO – Un esti de beau feu!
NADIA – Le soleil qui se lève.
MARCO – J’ai pris les moyens qu’il faut |
CHRISTOPHE – Pour la protéger |
MARCO – Pour nous protéger |
NADIA – Pour le retrouver.
Source
© photo de couverture : Charles-Étienne Brochu, visuel réalisé pour Embrigadés