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Tu sais, l’ego? Celui avec qui l’humain partage sa vie. L’ombre de son ombre, la prunelle de ses yeux, le ketchup sur ses frites, le savon hypoallergène sur sa peau frêle? Sans lui, parfois, on dirait que l’humain n’existe pas. Il ne se reconnaît pas. Peine à avancer. Il est fragile, vulnérable. Désagréable et morose.
Paraît-il que l’ego désigne la représentation et la conscience que l’on a de soi-même. Il serait le fondement même de notre personnalité. Ouin. Il a besoin de reconnaissance, cet ego, de beaucoup de reconnaissance. Une intensité de reconnaissance qui ternit et parasite les interactions sociales. Parce que, tsé, l’ego se cache derrière l’humain devant toi. Toujours prêt à attaquer, à se lever d’un bond, à mordre, à griffer, à laisser des traces, des marques. Des marques pas l’fun à tenter de faire disparaître. On lui pardonne, c’est l’ego.
Il y a aussi ceux qui semblent ne pas avoir d’ego. Ceux pour qui, paraît-il, l’enfance un peu toxique a laissé des marques bien plus grandes qu’un ego surdimensionné. Ceux pour qui l’identité était floue. Ceux pour qui se repérer dans le milieu où ils ont grandi représentait un défi d’envergure et éloignait l’ego. Parce que grandir en ne pouvant s’identifier éloigne cette bête, paraît-il. À l’âge adulte, leur quasi-inexistence d’ego peut leur apporter de l’insécurité, des doutes, de la solitude ou plus justement le sentiment de ne pas bien comprendre l’humain sur la planète partagée. Ne pas bien comprendre que l’humain n’est pas toujours réel, qu’il est plus souvent qu’autrement l’ego.
Ah oui, l’ego permet de se situer sur l’échelle de l’acting de vie. Il y a les bons et les méchants. Toujours les bandits ou les héros. Toujours les princesses ou les monstres. Toujours… L’ego te guide. Te guide pas bien, mais te guide. Si lui devant moi est méchant, je suis forcément bon. Si elle devant moi est bonne, je suis forcément méchante. L’ego fait ce qu’il peut avec ce qu’il a. Et ce qu’il a, c’est un humain un peu vulnérable qui partage son enveloppe avec une entité pas très souvent objective. Je pense que tu lui donnes trop de place à lui.
Mais, tsé, tu n’as pas à être le bon ou le méchant, tu peux tellement être juste toi. Et être toi, c’est être une palette indéfinie de rôles «surfant» au gré des circonstances. Et quand tu rencontres un ego qui prend trop de place, mais vraiment, un ego qui blesse, qui griffe, qui marque, qui cicatrise. Laisse couler, observe, sois empathe. Cet humain et son ombre, c’est lourd. Lourd de traîner chaque jour cet ego. Lourd de se sentir si petit que l’on doit exposer cette entité si grossièrement. L’exposer? Non. L’imposer. L’imposer violemment. Quand l’ego dépasse l’entendement. Quand l’ego dicte à l’espèce humaine. Sois bienveillant et compréhensif. Rappelle-toi que ton plus beau rôle de vie sera d’être toi-même sans égard à qui est devant toi, à quel ego on te confronte.
Par Nathalie Dubeau-Racine