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Quand l’amour fait vendre

On dit que l’amour rend aveugle. Il nous rend aussi épais.

Que celui qui n’a jamais pris de mauvaises décisions sous l’emprise de cupidon jette la première pierre.

Ça, les commerçants l’ont compris. Profitant de notre cœur amoureux et de notre cerveau ramolli, les revendeurs de passions repèrent en nous la proie idéale et visent nos cordes sensibles à grands coups de rêves romantiques.

Les couples fiancés, c’est du gros gibier. Promesse de mariage? Oupelaye! Les voilà déjà partis pour le Salon de la mariée.

Les épiant de leur sourire carnassier, les brocanteurs de froufrous blancs exhibent sous les regards embués par l’amour leur marchandise à prix de fou.

Selon un sondage réalisé en 2014, les consommateurs dépensaient alors en moyenne 17 060 $ pour se marier. Je ne serais pas surprise que cette moyenne ait grimpé à 20 000 $ en 2018.

C’est beaucoup de bidous ça, pour la plupart du monde.

(Considérant que les problèmes d’argent sont l’une des principales causes de divorce, j’espère que les futurs époux partent sur de cristies de bonnes bases parce qu’ils risquent de s’endetter pas mal pour avoir une célébration qu’ils souhaitent à la hauteur de leur amour exceptionnel. Je dis ça de même.)

Les célibataires n’y échappent pas non plus. Ils sont traqués de tous bords tous côtés.

D’abord, on prend bien soin de leur faire croire qu’il leur manque une moitié.

On leur jette en pleine gueule un raz-de-marée de publicités idéalisant le couple dans toute sa belle « unicité ». L’achat d’une maison, d’un REER, d’une assurance-vie, d’une voiture, d’un voyage… tout ça, ça se fait en couple, non?

En effet, nous verrons rarement des gens célibataires et heureux faire leur demande de prêt hypothécaire dans la jouissance de leur liberté. On préfère de loin utiliser le petit couple hétérosexuel souriant trop typique pour vendre produits et services de tous genres.

Et je ne parle même pas de l’industrie de la beauté au grand complet qui nous bombarde à journée longue de publicités de maquillage, vêtements, parfums, traitements et même chirurgies visant à nous rendre toujours plus séduisant.e.s. pour notre chéri.e ou futur.e partenaire potentiel.le.

Une fois convaincu.e.s d’être incomplet.e.s, les pauvres célibataires se garrochent tels des poissons affamés dans une marre de réseaux de rencontre et autres Tinder du genre.

Combien y a-t-il de gens en amour avec l’amour sur ce genre de réseau? Il est difficile de trouver des chiffres exacts venant d’une source fiable en ce qui concerne les statistiques de la célèbre application Tinder. Mais on le sait, il y en a une maudite gang.

Partout où l’on regarde, le couple nous est tellement montré comme un idéal à atteindre qu’on en devient un peu cave.

Combien sommes-nous à nous ruer devant la télé pour nous délecter, dans un accès de voyeurisme, des déboires d’une bande de célibataires en quête du partenaire parfait (et, tant qu’à y être, d’une maison, d’une voiture, d’un voyage, d’un abonnement au gym…), et à profiter par le fait même de la tonne de pubs impertinentes qui vient avec? Une trâlée.

Combien d’articles de blogue nous parlent de couple idéal à qui mieux mieux? Trop.

Combien de magazines à potins font leur cash en ressassant les histoires d’amour des vedettes? Encore trop.

Combien de compagnies font la palette le jour de la St-Valentin? Eh seigneur… la St-Valentin. N’en parlons même pas.

Combien de gens suivent/commentent/jugent la cérémonie de mariage du prince Harry? Une bonne gang.

Et combien de couples fiancés se ruinent (et font donc payer 90 $ à leurs invités) pour se marier? C’est ça.

Le commerce de l’amour est très lucratif. L’amour fait rêver, donc l’amour fait vendre.

Le but n’est pas ici de dévaloriser le mariage, la vie à deux ou la séduction, mais plutôt de prémunir votre cerveau et votre portefeuille des abus du marketing.

Revenons à la base un instant, voulez-vous? L’amour comme sentiment humain.

Posons-nous les bonnes questions.

Remettons les choses en perspective avant de dépenser pour assurer l’amour dans notre vie.

Pourquoi nous marions-nous?

Est-ce que la réponse à cette question serait différente si on louait notre robe de mariée au lieu de la payer 5 000 $? Ou si on l’empruntait, tiens! Non mais c’est vrai, en quoi notre amour justifie-t-il une dépense pareille pour une robe qui ne sera portée qu’une fois? Et ça, ce n’est que la robe…En quoi ces dépenses garantissent notre amour?

Pourquoi utilise-t-on les réseaux de rencontre?

Pourquoi rester rivé.e.s sur nos écrans alors que les gens sont là, dehors? Ils sont dans les cafés, les restos, les événements de toutes sortes près de chez nous, dans notre ville. Dehors, les gens bougent, parlent, interagissent, sont en vie. N’est-ce pas plus attirant qu’une personne figée dans une photo de profil froide et distante?

Et puis, pourquoi toujours associer amour avec couple?

Pourquoi est-ce nécessaire d’être en couple à tout prix?

L’amour peut-il être présent autrement?

Qu’espèrerons-nous de ce.tte partenaire idéalisé.e? Ne peut-on pas le trouver chez nos ami.e.s, nos amant.e.s, notre famille, bref dans notre entourage?

Il me semble que l’amour est d’abord et avant tout un sentiment libre et magnifique, et non une industrie.

Parce qu’il est là autour de nous, simple et gratuit.

Par Sarah B. Delisle

Source photo de couverture: Unsplash

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