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Quand l'amour a un goût d'amitié

Source: Pixabay

Tout va bien.

On se connaît à peine.

Tu m’as été présentée pour faire poli, c’est gentil.

J’me suis pas souvenu de ton nom de famille après coup.

Peut-être à cause de mon indifférence.

Sûrement à cause de ma négligence.

Cette négligence qui me fait perdre la raison lorsque je suis obnubilé par tant de beauté.

Comment j’aurais pu faire autrement ?

Toi pis ta face à faire tourner les têtes, même les plus traumatisées.

J’te gage qu’y a un gars qui se pince chaque jour en se traitant de chanceux. Pis si c’est pas le cas, laisse-moi te dire que tu pourrais trouver mieux. Me trouver moi ? Y a pas de mal à croire en soi.

Pour le moment, j’me fais croire que j’te trouve belle sans plus, donc mon p’tit cœur est en sécurité.

Sans plus, c’est sans te connaître. Connaître plus que ce que tu me démontres jusqu’à présent.

Est-ce que je veux en connaître davantage ? Te connaître toi. Ce que t’aimes, ce qui te passionne, ce que tu détestes. Qu’est-ce qui te fait peur ?

Moi, ma peur, c’est l’amour. Ça me fout la chienne. C’est une ruelle sombre où tu ne veux pas passer, mais qui pourrait contenir le plus beau des trésors.

Ça te fait dire des choses que t’aurais pas dites autrement.

Ça te fait faire des choses que t’aurais pas faites autrement.

Pis en même temps, c’est pour ça que j’aime autant l’amour. Surtout celui qui ne passe pas et qui finit par te faire dire le mot « perdurer ».

Jusqu’à présent, il m’a déçu. Mais je ne peux rien y changer.

S’il ne changeait pas si souvent avec le temps, aussi. Si on évoluait au même rythme en évitant le fameux « t’as changé ».

On se montre toujours sous notre meilleur jour. Pis comme chaque jour, arrivent ensuite la noirceur et la froideur.

C’est un éternel recommencement. Paraît que c’est à cause de ce qu’on a vécu.

La vie m’instruit. J’ai tous mes diplômes en déception, toutes mes médailles de consolation.

Mon plus gros problème avec l’amour, c’est lorsque je tombe. Tomber, parfois, ça fait mal. Souvent même longtemps après s’être relevé.

Pis là, tu m’as été présentée. Y aurait pas fallu.

Tu me rentres dedans sans bouger.

Tu me déboussoles sans tourner.

Tu me fais pas trop boire, au cas où tu me demanderais de sortir un soir.

J’pourrais même me trouver de nouvelles qualités que même moi j’savais pas que j’avais.

J’pourrais avoir toutes celles que tu veux juste pour te plaire.

La musique goûte meilleur quand j’pense à c’que t’es. À ce que tu m’as jusqu’ici montré.

J’te vois toujours sous ton meilleur jour. Je nous imagine déjà défaire les draps contour.

J’me fous des mots, j’mets mon énergie sur les gestes et les sentiments, car y a qu’avec eux qu’on sait si on ment.

Ça se pourrait que je trouve la vie plus belle avec toi. Mes matins n’arriveraient jamais assez vite et mes nuits, beaucoup trop.

Mais j’vais attendre que tu te commettes avant d’me mouiller. J’vais pas tout te dévoiler au premier sourire bien intentionné ou au premier compliment camouflé.

Devoir ensuite m’excuser d’avoir scrapé un possible début d’amitié, ça me fait mal juste à y penser.

Mais comment une amitié aurait-elle bien pu se développer à la vitesse à laquelle mon désir pour toi s’est élevé ?

On ne construit pas un cabanon avec des matériaux pour un château.

Au fond, j’te connais même pas. T’es peut-être juste comme d’la bouffe tout juste sortie du micro-ondes.

Chaude et fumante en dehors, mais frette par en dedans.

Appelle-moi peureux si tu veux.

Appelle-moi dépendant, mais c’est toi que j’veux. J’veux aller creuser là où personne n’a osé.

J’y vais pour le grand amour, même si tu pourrais me reléguer au second rang, là où se cache l’amitié en tout temps.

Hâte de voir si c’est vrai, que dans la vie, il n’y a pas de hasard, mais que des rendez-vous.

Ça ferait bien, j’ai jamais vraiment été chanceux dans ce domaine, justement.

Et si cette fois c’était différent ?

J’te connais de plus en plus à mesure que les jours avancent, tout le contraire de mon indifférence.

J’suis patient, très patient. Ce que je ne connais pas encore de ta personnalité, j’aimerais le découvrir avec le temps.

Pis même avec le peu que tu m’as montré de toi, comment ça pourrait être autrement ? Même soi-même, on s’connaît pas toujours vraiment.

Mais j’en sais suffisamment pour te dire une chose.

J’veux prendre la chance avec toi.

Peu importe, je serai pas perdant.

Je prends le risque. Je tente ma chance.

Car j’me rends compte que t’es celle que j’veux depuis longtemps.

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