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L’impression que les jours se ressemblent tous brûle le peu d’énergie que j’amasse chaque matin. La terre ne s’arrête jamais de tourner, sauf que ma vie, elle, semble sur pause. Le petit sentiment morose de ne pas pouvoir s’accrocher à quelque chose d’excitant s’incruste tranquillement avec les jours qui s’accumulent. J’ai l’impression qu’on ne peut plus anticiper. L’impossibilité de se planifier des activités sociales ou des voyages au bout du monde ternit l’excitation générale qui me fait tenir habituellement. Quand on a l’impression que tout est plate et qu’à part nos tâches quotidiennes, on n’a plus grand-chose à faire. Quand on a le sentiment d’être un peu pris chez soi, parce que la possibilité de sortir nous est enlevée. Quand on a terminé son cahier à colorier pour adulte et qu’on a fait assez de pain pour trois ans, on se surprend à s’ennuyer. Quand nos amis et notre famille peuvent juste nous distraire de loin. Quand on a l’impression que notre 3 ½ se resserre sur nous. Quand le quotidien tout le temps pareil fait son œuvre, c’est là qu’on se rend compte qu’on tenait beaucoup de choses pour acquises.
Quand les conversations « Tinder » s’épuisent et qu’on est tanné de dormir pour passer le temps. Quand on n’a plus rien pour se distraire : c’est là que la magie opère.
Quand on n’a plus le choix de se regarder le nombril quelques secondes et de se dire nos quatre vérités. Quand on apprend à passer du temps avec soi-même. C’est là qu’on termine tous les livres qu’on commence, qu’on arrête de se trouver des excuses. C’est aussi là qu’on se réapproprie l’important : prendre soin de soi. C’est là qu’on se retrouve, qu’on se célèbre. Qu’on s’arrête un peu pour souffler.
C’est là qu’on se recentre un peu pour revoir l’essentiel. C’est là qu’on s’ennuie de tout ce qu’on tenait pour acquis.
Qu’on rêve du plus simple contact physique.
C’est là qu’on se priorise, qu’on arrête de se remettre à plus tard, qu’on arrête de se distraire pour se détourner de soi-même.