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Quand celui qu’on aime ne nous aime pas, tout semble au ralenti.
Quand celui qu’on aime ne nous aime pas, l’entre-deux de l’existence nous avale.
Puis on se surprend à scruter notre écran de cellulaire dans l’attente du nom qui coupe le souffle. C’est surtout ça : l’attente. L’ennemie fatidique des mal-aimés. Sauf que ça ne nous retient pas de rester dans l’entre-deux. Cet espace où toutes les raisons sont bonnes pour s’empêcher de vivre. On efface les plans avec d’autres dans l’intention d’en faire des nouveaux avec lui. On s’impose des restrictions, on refuse de passer à autre chose : « imagine s’il me texte ». « Imagine s’il veut me voir. »
Imagine.
Quand le message retentit, on fait semblant de ne l’avoir pas vu. On s’excuse plus tard : « j’étais occupée ». Sauf qu’à tous les coups, on flanche avant. On répond dans les minutes suivantes, on s’engage, on supplie, on perd surtout. On se met K.O. au jeu de l’amour.
Quand on ne reçoit plus rien. Quand l’écran reste fermé. Quand une autre prend notre place. On envoie des messages pour rien dire. On cherche des anecdotes même pas drôles pour justifier nos trois messages. Prisonnière du « ça aurait dû être moi ». Nos amis nous confirme qu’on est plus toute, « que c’est lui le pire ». Vraiment ? Alors pourquoi c’est ma vie qui est sur pause?
Puis, on pense être ailleurs. On croit ne plus être victime de l’attente, de l’attendre. Et un soir qu’on s’y attend le moins, il écrit.
« Je pense pas avoir fait le bon choix. »
Et tu te retrouves à la case départ : tu te sens toute petite devant cet homme qui comprend maintenant que tes amis avaient raison.
Tu figes.
Est-ce que tu reprends où il a tout laissé ?
Jamais.
Tu as appris dans son absence. Si tu n’es pas le centre de son univers, pourquoi serait-il encore le tien ?
Et tu passes enfin à autre chose. Tu te réappropries ce qu’il t’a fait oublier.