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La vie va vite, très vite… À ce rythme galopant de la super-efficacité quotidienne qui nous est imposée par des exigences pressantes, individuellement et socialement. Toutefois, c’est un choix qu’on a fait. J’ai choisi ma vie, tu as choisi la tienne, on a choisi d’être ensemble… Toi et moi, nous deux. Tu t’impliques dans ta carrière, je m’implique dans mes études. Pas question que je manque mon souper de famille et pour rien au monde tu ne négligeras ton entrainement. Je comprends et toi aussi, mais nos sacrifices d’agendas sont de plus en plus rares et on évolue dans cette relation à distance, sous le même toit. Un texto par-ci, un bisou par-là. Par chance, on habite ensemble! On s’endort en cuillère en se disant qu’on s’ennuie et que la semaine prochaine le rush sera moins pire… Le cadran te sort du lit avant moi, quand je me lève tu es déjà parti. Je t’appelle sur l’heure du midi pour savoir comment se passe ta journée, je t’aime et toi aussi. Tu rentreras à la maison avant moi et tu vas rester éveillé, juste pour qu’on se croise un peu. Je trouve du réconfort dans ce semblant de temps passé à deux, mais je ne me souviens pas de notre sujet de conversation car le sommeil me gagne déjà. Tu trouves mignon que je combatte le sommeil. Je trouve pathétique notre horaire anti-couple. Bonne nuit, à demain.
Ainsi vas la vie. Sauf que…nous? Oui, NOUS! Il est où « nous »? Que sommes-nous dans tout ça?
La crise est arrivée. L’aboiement de nos besoins individuels, l’incompréhension face à l’autre. On a joué à la victime sachant qu’on était à la fois juge et bourreau de notre crime. On a fini par réaliser qu’on ne se connaissait plus vraiment. On a réalisé l’absence d’implication dans notre couple. L’absurdité devant notre vision du « on s’aime c’est assez non? ». On a contracté le virus de la peur. La peur de la fin. La fin du nous. Est-ce que « nous » n’est plus? J’ai paniqué, tu as figé, on a pleuré en se disant qu’on aimerait se réveiller de tout ça demain matin et en rire. Rire ensemble, un baume si réconfortant. Preuve de chimie amicale divertissante. Parce que dans notre amour, il y avait et il y a cette amitié, ce support dans la sagesse et la folie.
Alors on s’est choisis. Il y a longtemps qu’on avait oublié de faire ça… se choisir chaque jour. Respirer ensemble. Pas juste une fois-là. Nenon! Inspire avec moi… Expire avec moi… à répétition. Être des partner in crime de ménage, redéfinir notre amour. Retrouver des moments à deux sans perdre la liberté de notre indépendance. On a pris les grands moyens, notre thérapie serait le temps. Prendre le temps d’arrêter le temps. Il s’était foutu de nous et on l’avait pris pour acquis… L’orgueil comme une forêt incendiée, on avait eu mal, mais ça faisait du bien. On s’est souvenu comment nos vies s’étaient croisées, on s’est donné un peu de crédit pour ce beau chemin accompli. Nostalgie… Les mises à jour téléchargées. Notre duo redémarré. Le temps avait passé. « Nous » a décidé de rester. Rester ensemble. Et ce, à la condition indiscutable de continuer à prendre le temps.
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Face à tout ça, on a beaucoup parlé, réappris à s’exprimer dans le même langage et à communiquer. En voyant le temps différemment et en réalisant qu’on avait plus d’emprise sur lui qu’on le pensait, on a réappris. Réapprendre à partir ensemble deux jours, à passer une soirée sans nos cellulaires, à déjeuner ensemble même si je ne suis pas matinale, à jogger à deux sachant que la course ce n’est pas ton cardio préféré… à faire l’effort de se faire des time out de notre vie pour la santé de notre amour. Les vacances à deux sont désormais un must! Parce que, qu’on le veuille ou non, le camping nous rapproche et la plage aussi. Passer du temps ensemble, en dehors de nos vies, aussi passionnantes soient-elles, est vital. C’est bien beau d’avoir la vie devant soi, mais ça ne sert à rien de procrastiner son vécu. Aller souper sans « devoir quitter pas trop tard parce qu’on travaille demain », prendre un aller-simple pour une terre étrangère, avoir une page vierge dans son agenda, aller prendre une marche, danser un slow dans notre salon, juste comme ça, toi et moi. Parce que, désormais, on prend le temps d’arrêter le temps, pour s’aimer, pour respirer ensemble, pour vivre.
Par Aïcha N’diaye