Assise au milieu de Berri, j’écris ces phrases qui me viennent. J’observe les gens qui courent, qui tournent, qui parlent fort, qui se bousculent parmi la mouvance rapide de notre ère et la peur de ne pas assez se presser pour ceux derrière ou celle d’être trop en retard pour ceux qui les attendent.
Notre vie va vite. Tout le temps trop vite. Et on ne semble même plus s’en rendre compte tant nous sommes habitués de courir, courir, courir; tant nous sommes habitués de jeter en l’air ce « j’ai pas le temps! » si facile.
Parce qu’à nous écouter, on n’a jamais le temps. Non. On est trop occupés à travailler pour notre argent, pour payer nos hypothèques, nos voitures, nos épiceries, l’école. On est trop occupés à se rendre du point A au point Z sans regarder les vingt-quatre autres lettres qui se pavanent au milieu. On est trop occupés à attendre nos vacances pour enfin respirer, décrocher de ce mode de vie qui nous étouffe. On est trop occupés à laisser le temps prendre la poudre d’escampette sans en profiter pleinement.
On est trop occupés.
On est trop occupés.
Pourrions-nous, pour une fois – pour tout le temps! – prendre le temps de vivre comme si nous étions toujours en vacances?
Parce qu’à notre ère, on rêve d’un instant où on pourra s’asseoir sur un banc, lire un livre, jouer aux Sims, écouter le dernier Nolan ou notre série préférée. On rêve d’un temps qui s’arrête pour nous laisser le prendre. On le rêve au lieu de le saisir au vol, de l’attraper et de l’obliger à se calmer le pompon, un peu, qu’on puisse le regarder, enfin, l’apprécier et l’utiliser comme bon nous semble.
À notre ère, on rêve d’un temps au lieu de se l’octroyer, on se bat avec plutôt que de s’en délecter.
Il est bien là, le problème.
On continue de se presser de gauche à droite, de droite à gauche, du nord au sud, d’est en ouest alors que, parfois, tout ce dont on a besoin, c’est d’une pause, d’une marche – lente, for once –, d’une bouffée d’air frais; c’est d’observer, d’apprécier les détails du monde qui nous entoure et ses petits bonheurs éphémères, d’être curieux; c’est d’avancer les projets qui nous tiennent à cœur sans se dire qu’on n’a « pas le temps ».
Tu veux décompresser, relaxer, te mettre à jour dans tes projets, tes lectures, tes séries; te sentir moins pogné dans cette roue, te dérober du poids de toute cette vitesse qui te tourne autour, qui t’accapare?
Tu veux avoir le temps?
Alors, prends-le.
Source : Unsplash