Je ne sais pas ce qui a été l’élément déclencheur de ce désir soudain, mais, un bon jour du mois d’avril, j’en ai eu assez.
Je me levais le matin et, first things first, avant même d’avoir réussi à garder mes yeux ouverts plus de 10 secondes, j’allais d’instinct voir mes notifications. J’ai aussi tranquillement remarqué ma curieuse tendance à ne pas pouvoir aller à la salle de bain sans avoir mon téléphone avec moi.
Des fois, j’allumais mon téléphone pour un besoin précis et utile (utiliser la calculatrice, par exemple), mais mes doigts atteignaient par réflexe les applications de réseaux sociaux et je finissais par oublier la raison première m’avaient poussé à utiliser mon appareil électronique. Un peu comme quand tu rentres dans une pièce et que tu oublies ce que tu venais y faire.
Mais ce qui m’a rendu le plus malade, je crois, c’est la boucle sans fin des stories Instagram. Oh, Seigneur! Si vous saviez le nombre de minutes que j’ai perdu à regarder des fragments de la vie des autres avant de me rendre compte à quel point c’était absurde de gaspiller des fragments de ma propre vie pour le faire.
Alors, une bonne fois, je me suis fâchée et j’ai supprimé mes applications de réseaux sociaux les plus connus, soit Facebook, Instagram et Snapchat. Et, même si j’étais consciente d’avoir supprimé les applications, je me surprenais quand même à cliquer machinalement et inconsciemment à l’endroit où elles s’y trouvaient auparavant. Bien évidemment, elles n’y étaient plus. J’ouvrais donc une autre application sans lien, genre la météo, et ça me faisait prendre conscience du geste absurde et instinctif qu’était d’aller voir mes réseaux sociaux.
Ça m’a fait drôle de me l’avouer, mais j’avais une dépendance.
Ça m’a fait drôle, surtout parce que je me suis toujours trouvée bonne, comparativement aux autres. Pour de vrai, je ne croyais pas que ma consommation de réseaux sociaux était aussi malsaine, même que je me suis toujours trouvée meilleure que la moyenne! Avant de prendre conscience des petits détails, j’étais persuadée que je me gérais vraiment bien le réseau social et que j’avais encore le dessus sur ce monstre numérique. Pourtant, j’ai bien peur que ce soit lui qui me gère depuis le début…
J’ai commencé à me renseigner. J’ai écouté les podcasts « Calm Masterclass » au sujet de la dépendance aux réseaux sociaux et aux écrans, donnés par le docteur Adam Alter sur Calm, une application de méditation guidée et de pleine conscience,
On y apprend, entre autres, qu’il est commun de sous-estimer notre utilisation des médias sociaux et de notre téléphone. En moyenne, les gens la sous-estiment de moitié! En réalité, les adultes passent en moyenne quatre heures par jour devant leurs écrans personnels et cette moyenne est encore plus grande chez les jeunes.
Notre téléphone fait tellement partie de nos vies qu’une majorité de gens est capable de l’atteindre sans même faire un pas, et ce, 24h sur 24h. Pensez-y, on l’apporte dans notre voiture, dans nos poches même quand on va à la salle de bain, on le glisse sous notre oreiller pour dormir… Il est avec nous en permanence! Personnellement, en plus, je ne le traîne pas partout pour sa fonction première, qui est d’appeler les gens (même que, souvent, les appels me dérangent). Ce n’est pas par peur de manquer un appel ou même un message texte. En vrai, je n’ai aucune idée de la raison pour laquelle je le traîne partout, mais je le fais.
En psychologie, les choses qui sont plus proches et plus souvent avec nous ont un rôle important sur nos capacités psychologiques. Avez-vous déjà remarqué que dès qu’on a un moment d’attente, on atteint machinalement notre téléphone? Au lieu de regarder le paysage en attendant l’autobus (ou même en prenant l’autobus!), on scroll sur nos fils d’actualité. Même chose, en attendant dans des salles d’attente, durant nos pauses entre deux cours, pendant qu’on mange notre dîner… On oublie d’observer autour de nous. On oublie de prendre conscience de ce qu’on vit.
Selon le docteur Alter, ce qui rend les réseaux sociaux si addictifs est le fait qu’ils sont sans fin. Avant, les divertissements avaient un ultimatum. On arrivait toujours à la fin du journal ou du livre ou du film ou de l’émission de télévision qui passait seulement le lundi soir à 18h et qu’il fallait attendre une semaine pour savoir la suite. Au final, on avait le droit à une pause qui permettait de choisir volontairement si on en voulait plus ou non.
De nos jours, on écoute Netflix et le prochain épisode démarre automatiquement sans même qu’on le demande. Les feeds Instagram et Facebook se déroulent jusqu’à l’infini. Les stories s’enlignent les unes à la suite des autres automatiquement. On a éliminé les arrêts. On a éliminé le temps de réflexion qui nous servait à savoir si on en voulait plus ou si on était rassasié avec ce qu’on avait consommé. Ils choisissent maintenant pour nous.
Et puis, ils ont inventé un système de récompense pour nous accrocher encore plus. On partage une photo sur Instagram et on y retourne continuellement pour voir le nombre de personnes qui l’ont aimé. Ils ont monétisé le nombre de vues et le nombre de likes. Une plateforme qui existait dans le but de partager s’est rapidement transformée en commerce et en concours de popularité.
En date d’aujourd’hui, je n’ai toujours pas rajouté les applications sur mon téléphone. J’ai toujours accès à mes comptes, mais je dois me connecter sur mon ordinateur pour y naviguer. La plus grande conséquence de ceci est que, maintenant, j’ai pris conscience de mon utilisation des réseaux sociaux. Je sais qu’ils ont des côtés utiles, mais je connais aussi l’impact qu’ils ont sur ma vie. Je choisis maintenant les moments où j’ai besoin d’eux. Ce n’est plus eux qui décident pour moi.
Si, comme moi, vous avez envie de prendre conscience de votre utilisation des réseaux sociaux, je vous conseille de les changer de place dans vos téléphones. Remarquez combien de fois par jour vous irez machinalement cliquer sur une application qui ne sera plus la bonne.
Lorsque vous écoutez Netflix, mettez-vous une alarme. Quand celle-ci sonnera, ça sera votre signal de pause qui vous permettra de prendre conscience de votre utilisation. Rien ne vous empêche d’écouter un épisode de plus, mais, au moins, ce sera votre choix, et non celui de Netflix.
L’important n’est pas nécessairement de diminuer notre utilisation des réseaux sociaux, mais plutôt de prendre conscience de celle-ci et de savoir faire les meilleurs choix par rapport à nos besoins.
Source