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power dressing

Avant 1920, si les femmes ne pouvaient pas élever leur voix assez haute pour se faire entendre et comprendre, elles revendiquaient leur liberté par leurs vêtements. C’est ainsi que les suffragettes, un groupe de femmes qui militaient pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, notamment en ce qui concerne le droit de vote féminin, ont commencé à être à la tête d’un mouvement qui, jusque-là, ne portait pas encore de nom. Vêtues de pantalons et de vestons, elles ne passaient pas inaperçues à une époque où elles étaient encore en train de se battre contre le port du corset, tant matériel que social.

Arrive alors 1920. La célèbre couturière Coco Chanel repense la femme et son corps et lui donne le droit de bouger, de suivre le mouvement de son émancipation. « Je leur ai donné de vrais bras, de vraies jambes, des mouvements authentiques et la possibilité de rire et de manger sans nécessairement s’évanouir », disait-elle. Les femmes arborent fièrement des vestons plus amples et des jupes midi.

De 1940 à 1950, bien des femmes serviront pour l’armée et entreront sur le marché du travail. Puisque le tissu devient une denrée rare, on coupe les uniformes et les vêtements des femmes en utilisant le même tissu que celui des hommes. Les silhouettes sont ainsi redéfinies dans l’objectif d’éviter le gaspillage. Les épaules proéminentes deviennent vraiment populaires grâce aux actrices hollywoodiennes et ceci constitue le style de prédilection pour toutes celles qui veulent s’affirmer.

En 1950, Dior dessine une toute nouvelle silhouette pour la femme en lui créant une taille sablier accentuée. Comme ses prédécesseurs, on retrouve le veston, toujours avec la jupe, cette fois-ci plus évasée.

C’est dans le milieu des années 1960, dans les années 1970 et plus encore dans les années 1980 que le Power dressing prend toute son importance et qu’on lui attribuera son nom. Ce sont les designers Yves Saint-Laurent et Thierry Mugler qui, bien qu’ayant une vision de la femme et de la mode qui diffère, permettront à celle-ci de se libérer davantage des codes vestimentaires d’autrefois. Il faut aussi noter les avancées sur les plans politique et juridique qui ont grandement aidé à ce que le mouvement prenne racine.

En 1965, le photographe de renom Helmut Newton prendra une photo d’un mannequin femme dans une ruelle portant « Le Smoking » d’Yves Saint-Laurent. Cette photo restera une des photos de mode ayant fait le plus de bruit. C’est d’ailleurs dans cette même période de temps qu’il faisait défiler sur les passerelles « Le Smoking », permettant aux femmes de se montrer fièrement en veston et pantalon. Pour Thierry Mugler, on ne retrouve pas tant le smoking que des « femmes-motos » et des « femmes-robots ». Ce couturier leur donne le pouvoir d’être comme des super héroïnes et d’être les maîtres de leur vie.

Dans les années 80, « the bigger, the better » étaient les mots d’ordre pour arborer un costume plus masculin (carré), ce que Donna Karan s’empressa de déconstruire en donnant des formes plus ajustées à ses collections de vêtements empreints du Power dressing. Les femmes travaillent et l’expression « working girls » fait son entrée.

Depuis ce temps, le Power dressing a toujours été associé aux vestons et aux pantalons. Ce style vestimentaire est nécessairement lié au travail et donc à la femme qui a un emploi et qui est valorisée au même titre que l’homme (ou presque – il reste du chemin à faire). Les femmes se sont appropriées le menswear pour s’affirmer en tant que femmes qui ont le pouvoir sur ce qu’elles portent et ce qu’elles sont. En 2018, pour le gala ELLE’s Women in Hollywood, Lady Gaga portait un costume/complet gris très ample et le choix n’était pas anodin : « I wanted to take the power back », disait-elle.

Puisque les choses changent beaucoup et que lorsque je tape « Power dressing » sur Google, on me sort des réponses du genre « 10 façons de s’habiller pour le travail », qui présentent toutes les mêmes sortes de pièces de vêtement, je me questionne sur ce qu’est vraiment rendu le mouvement…

Et en 2019?

Quand on s’intéresse aux tendances, on peut voir que les épaules démesurées et les vestons reviennent en force sur les passerelles des défilés printemps-été et automne-hiver 2019, comme à presque tous les deux ans ou à tous les ans. Mais pour aller plus loin que ça, je pense réellement que le mouvement se dessine ailleurs et a gravi un échelon essentiel. Avec la montée de la diversité corporelle et culturelle, je pense que le Power dressing d’aujourd’hui réside dans la possibilité de se procurer des vêtements pour toutes les tailles et, qui plus est, dans un choix de styles plus varié. C’est tellement encourageant de voir que les femmes prennent le pouvoir de leur image en arborant des morceaux qui leur plaisent vraiment et dans lesquels elles sentent qu’elles peuvent se dépasser!

En pensant au passé et au chemin parcouru par les femmes, je me dis que celles-ci devaient ressentir la même chose en voyant les avancées vestimentaires de l’époque. Je pense aussi que le Power dressing, c’est de voir des femmes engagées politiquement arborer les vêtements qu’elles désirent; exit les codes sociaux! On peut penser à Catherine Dorion, députée de Québec solidaire et à Valérie Plante, mairesse de Montréal. Même si un choix vestimentaire peut encore attirer les foudres, je crois qu’il est plus pertinent que jamais de le faire quand même parce qu’il peut être extrêmement inspirant.

Habillons-nous comme nous voulons, tant que cela nous plaît et que l’on se sente bien. Qui sait, notre outfit de demain pourrait être un vecteur de changement…

Références :

Source 1
Source 2
Source 3
Source 4

Crédit photos : Audrey Lebeau

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