Au moment d’écrire ces lignes, je suis assise sur mon divan, et je regarde à travers l’immense fenêtre de mon appartement la fameuse Tamise, qui se dévoile toute en beauté. Les rayons de soleil sont intenses ici à Londres depuis deux semaines. Comme si Dame Nature essayait de mettre un peu de joie dans notre confinement, en nous rappelant que le monde, quoiqu’étrange en ce moment, est beau et bon.
Au moment d’écrire ces lignes, mes yeux sont encore enflés de la veille. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré comme ça, je pense que mon corps a eu un gros choc et peine à s’en remettre.
Il y a 24 h, j’ai eu l’appel que j’appréhendais depuis deux semaines maintenant. Celui venant du président de la compagnie pour laquelle je travaille. L’appel qui annonce à 80% de mon équipe qu’il y a des coupures, et qu’il faut nous mettre temporairement en arrêt d’emploi, faute de revenus substantiels.
Au moment d’écrire ces lignes, malgré les yeux bouffis de la veille et le léger mal de tête, je me sens mieux. J’irais même jusqu’à dire que je me sens bien.
C’est qu’hier soir, le moral en compote, j’ai pris la peine de silencieusement admirer la ville de l’autre côté de mon immense fenêtre du salon. Cette fenêtre qui donne une vue imprenable sur Londres, sur sa rivière, sur ses édifices renommés. La nuit, les lumières fusent de partout, l’eau est calme, la ville s’éteint toute en beauté.
Hier soir, devant le calme de la ville, confinée dans mon salon, j’ai pris la décision d’arrêter d’être triste. De changer mon état d’esprit.
D’être positive.
Oui, je ne travaillerai plus qu’à la fin mai, moi qui aime d’amour travailler et faire aller mon cerveau. Mais le gouvernement a mis en place des mesures extraordinaires, faisant en sorte que ces nombreux employés qui ont eu l’appel fatidique hier sont encore employés par notre compagnie et auront droit à 80% de leur salaire pour les deux prochains mois, jusqu’à ce que la crise passe.
Je suis chanceuse.
Oui, je vais trouver le temps long. Mais j’ai la chance d’avoir un amoureux incroyable, qui prend soin de moi et me cajole lorsque j’ai les yeux bouffis.
Je suis chanceuse.
Oui, je ne travaillerai pas, mais j’aurai du temps pour mettre en exécution des projets que j’avais mis en suspens depuis un bout. Je vais suivre des cours en ligne. Devenir une meilleure professionnelle. Acquérir de nouvelles expertises. Finir d’écrire ce manuscrit qui traine dans mon dossier « Documents personnels » sur mon ordi depuis (trop) longtemps. Me remettre à faire des biscuits décoratifs, me filmer même à les faire (avec un gros verre de vin en main).
J’ai choisi d’être positive. De mettre de côté les réseaux sociaux pendant quelque temps, question d’échapper au négativisme qui est devenu une sorte de norme par les temps qui courent.
J’ai choisi d’être positive, parce que ça va bien aller. Parce qu’on va s’en tirer. Parce qu’on est forts. Parce qu’on est chanceux d’avoir des technologies nous permettant de garder contact avec nos grands-parents, nos parents, nos amis, nos collègues. Et ce, même si l’on se trouve sur un autre continent.
J’ai choisi d’être positive, parce qu’en ce moment, c’est le plus beau cadeau qu’on peut se faire. Et parce qu’on pourra savourer encore plus ces câlins qu’on va tous se donner une fois sortis de nos logis.
Crédit photo : Matheus Frade pour Unsplash