1994, j’ai 12 ans. Je consomme la télé autant que les popsicles et les pizzas pochettes. Je connais certaines pubs par cœur, je les récite pour rire avec mon frère. Je tombe sous le charme de celles des pharmacies Jean Coutu, celles qui mettent en vedette un garçon qui s’appelle Maxime, qui passe son temps à agacer et à faire rager sa sœur Mylène. Je ne sais pas si c’est parce que leur relation me fait penser à celle que j’entretiens avec mon frangin ou si c’est l’air espiègle de Maxime, incarné avec brio par Xavier Dolan, mais j’adore cette campagne. Si c’est vrai que chez Jean Coutu on trouve de tout même un ami et que cet ami ça peut être Xavier, j’ai envie d’être fidèle à Jean Coutu pour toujours.
2008, j’ai 26 ans. Je consomme la télé autant que les magazines et les bons romans, le tout accompagné d’un bon verre d’eau citronnée. Je lis quelque part qu’un jeune cinéaste a entrepris de manière autodidacte la réalisation de son premier film à 20 ans, film basé sur une nouvelle qu’il a écrite lui-même à l’âge de 15 ans. Ma curiosité est piquée. Comment un garçon aussi jeune peut-il posséder une telle intelligence artistique et intellectuelle… alors que moi à cet âge je peinais à rédiger un compte-rendu sur L’écume des jours de Boris Vian? Je google son nom, sa photo me dit vaguement quelque chose, je lis sa description sur Wikipédia… le déclic se produit. J’ai retrouvé Maxime! Maintenant que je l’ai reconnu, je me dis aussitôt qu’il n’a pas changé. On reconnaît toujours son petit air espiègle, puis le demi-sourire qui le caractérise si bien. Quand je lis qu’il excelle en doublage et qu’il a personnifié la voix de Jacob dans Twilight et de Peeta dans Hunger Games, je suis sous le charme.
À ce moment, je deviens officiellement groupie de Xavier : je lis tout ce qu’on peut trouver sur lui, je regarde J’ai tué ma mère et puis je capote – avant même de voir le film – sur la bande-annonce de Les amours imaginaires. Je me laisse happer par la vague Mommy et je regarde live sur le Web sa consécration à Cannes, les frissons me parcourant le corps pendant son discours. Je ne peux empêcher les poils de se retrousser sur mes bras lorsque je l’entends dire haut et fort : « Il n’y a pas de limite à notre ambition à part celle que nous nous donnons et celle que les autres nous donnent. En bref, je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. »
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Certains le qualifient d’arrogant, moi je le trouve sûr de lui. Il fait rayonner le Québec partout où il passe et pourtant ses films ne récoltent pas des recettes telles celles des blockbusters américains. On le trouve trop jeune pour remporter la Palme d’or et on lui reproche presque d’être trop ambitieux alors qu’il n’est rien de moins que la preuve que l’on peut toucher à nos rêves à un âge précoce. Même Louis Vuitton aime sa gueule de jeune premier et vient de le mettre en vedette dans sa dernière campagne. Dolan manie les mots avec un doigté extraordinaire. Sa vision artistique est unique. Que ce soit pour le cinéma ou la musique (il a réalisé un clip d’Indochine et il a marqué le retour d’Adele avec le clip Hello), Xavier voit au-delà de l’image et n’hésite pas à faire tomber les barrières ou à remettre en doute les idées conservatrices préconçues. Il exerce une véritable fascination sur moi, et j’espère qu’un jour même ses détracteurs n’auront d’autre choix que de s’incliner devant son génie créateur.
Xavier, que tu sois dans la peau de Maxime, de Tom ou encore que tu incarnes la voix de Jacob ou de Ron, ton étoile brillera toujours, pour moi, au firmament des stars. Je te souhaite de la gagner cette Palme d’or le 22 mai prochain, car j’ai envie de te voir briller encore plus, sous le soleil de Cannes.
Et j’ai, plus que jamais, envie de croire que mes rêves et mes désirs les plus fous ne seront jamais trop grands.
Le film de Xavier Dolan Juste la fin du monde sera présenté officiellement au Festival de Cannes le 19 mai prochain.