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Des femmes comme Manon Massé, ça laisse peu de gens indifférents. Certains admirent, soutiennent ; d’autres se frustrent, cultivent le mépris. Dans la gamme de politiciens assez linéaires d’un parti à l’autre, où les discours articulés mais prudents priment, où l’apparence soignée va de pair avec crédibilité, Manon déstabilise, elle choque. Par son franc-parler. Par ses analogies de pogos qui rejoignent tous les niveaux intellectuels ; une base de connaissances communes pour que le Québécois moyen arrive à suivre ce qui se passe sans nécessiter un lexique terminologique de termes politiques pour comprendre la salade qu’on tente de lui vendre. Elle vulgarise pour rendre les débats accessibles à tous. Le brushing impeccable, l’épilation, le tailleur dernier cri; elle en a rien à cirer. Manon Massé aurait-elle compris l’ordre logique des priorités en tant qu’élue militante pour sa circonscription, pour le peuple?
Manon, l’enveloppe
Notre casting. Notre cristie de casting. Ce qu’on projette nous sert ou nous nuit, mais nous catégorisera dans un cas ou l’autre. Je ne vous apprends rien en insistant sur le fait que les femmes en sont particulièrement affectées. On se fait scruter à la loupe dès qu’on commence à se démarquer par notre intellect, notre expertise, peu importe le domaine. Personnellement, j’en ai vraiment marre que le pinch de Manon fasse plus parler les gens que ses idées progressistes. Dans un domaine souvent teinté d’artifice où le paraître est considéré comme une importance de premier ordre, Manon tend le doigt d’honneur. La transphobie, ça vous dit quelque chose? Il s’agit du mépris que ressentent ou expriment les gens moins à l’aise avec une confusion des genres (lire ici une femme confortable avec une apparence masculine, par exemple). Manon incarne sa lutte, et préfère séduire avec son dévouement acharné pour une société plus verte, plus équitable dans tous les sens du terme. Manon, ton âme de guerrière transcende le Québec et je trouve que tu brilles de mille feux.
Manon, le message
Manon est bouleversante pour ceux qui n’ont toujours pas assimilé le fait que notre société, en soi, est bouleversante à bien des niveaux. Vouloir faire taire Manon ou se moquer de son message, c’est nier l’existence de la pauvreté en nos frontières, nier l’exploitation malsaine de certaines de nos ressources, nier la lourdeur du patriarcat pour une femme dans plusieurs sphères sociales, nier les diverses souffrances des communautés LGBT. Manon brasse la cage et nous rappelle que notre société est imparfaite… mais propose diverses manières de tranquillement y remédier en étant la première à retrousser ses manches, à s’impliquer sur le terrain. La politique s’exerce ailleurs que sur un podium ou un fauteuil de cuir, ça l’air!
Manon, la femme
Au-delà de la politicienne et le parti qu’elle représente, Manon est une femme qui m’inspire l’audace. Elle nomme un chat un chat lorsqu’elle aborde des sujets lourds que plusieurs contournent, comme dire qu’on en a marre des « discours de vieux mononcle cochon » en parlant de la culture du viol. Son discours reflète celui d’une femme qui a passé sa vie à subir, à représenter et militer pour l’injustice, puisqu’elle sait mieux que personne ce que c’est que d’être une cible, marginalisée pour son apparence, son orientation sexuelle, ses idées. Manon est fearless dans un cadre institutionnel qui en ferait craquer plusieurs.
Idéologies politiques à part, Manon mérite d’être reconnue comme une icône québécoise de force, d’intégrité et de résilience.
Rock on.
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