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Petit train va loin

Source: Pixabay

Soyons honnêtes : malgré nos « vivons l’instant présent » et nos « savourons les petits bonheurs du moment », nous avons tous pataugé dans l’incertitude qu’amène la mauvaise projection. Pour ma part, je suis du genre à baigner dedans chaque fois que ma tête se perd dans ses propres pensées.

Mais qu’est-ce que la mauvaise projection ? Imaginez avec moi. Je termine mon bac bientôt. Quand je dis bientôt, c’est « je suis en déni » bientôt. Je devrais donc avoir ma job de vie avant longtemps, celle qui répondra à tous mes critères dès le début. Oh, et  j’aurais un salaire aussi élevé que celui de mes parents. Dès. Le. Début. J’habiterais dans un appartement avec assez de pièces pour me faire une bibliothèque, avec une grande fenêtre à rebord assez large pour accueillir des tonnes de coussins. Ou mieux encore ! Une maison avec un terrain assez grand pour laisser courir mes chiens alors que je sirote ma deuxième tasse de café de la journée. Il m’en faut au moins trois pour bien activer mon cerveau. Pourtant, je n’ai rien de tout ça. Même pas proche !

Nous nous sommes tous adonnés au jeu du miroir. Si lui a atteint ce but et que je me trouve à son niveau, pourquoi ne suis-je pas près de cette même réussite ? Après tout, si je me penche sur mon fil Facebook, je peux constater qu’une de mes amies a acheté sa première maison. Une autre se marie l’été prochain. Je n’ai jamais voulu me marier, mais j’ai vu sa robe et, maintenant, je ne pense qu’à ça. Un gars avec qui j’ai passé deux ans au cégep travaille déjà pour sa compagnie de rêve. Nous sommes tous du même âge, avec un parcours similaire. Pourquoi donc n’ai-je pas ma maison, mon mariage et mon travail parfaits ?

Parce que je ne suis pas rendue là dans mon parcours. Le déterminant possessif est la clé dans ce message. Au lieu de me projeter dans le futur avec la vie des gens qui m’entourent comme schéma narratif, je pourrais m’intéresser à mes propres objectifs et à mon propre parcours. Pour vrai, ce n’est pas une question de compétences, ni même d’efforts. La plupart du temps, ce n’est qu’une question de temps et de chance. Combien de temps avant mon travail qui me fera dire « Je suis là pour rester, dérangez-moi pas » ? Je n’ai pas de réponse, pas encore. Ça viendra, tout comme pour vous.

Comme j’aime me le répéter (ici, « j’aime » est un grand mot) : petit train va loin. Il faut juste garder le cap et laisser le temps faire sa magie.

Par Gabrielle Dubé

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