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pas savoir

J’aimerais parler aujourd’hui en faveur de la déculpabilisation ultime de notre temps : la prémisse que nous devrions toujours savoir et que si nous ne la savons pas, diantre, nous sommes voués au néant éternel. Je vous livre aujourd’hui un plaidoyer du je-ne-sais-pas, un éloge libérateur du fait que c’est correct de ne pas savoir; ne pas savoir ce qu’on veut faire, où on s’en va, l’endroit où on veut travailler, si on veut être avec quelqu’un, le programme qu’on va effectuer, de ne pas savoir c’est quoi la prochaine étape.

C’est ok. Promis.

Il ne faut pas s’y méprendre, les gens posent des questions pour s’informer, pour faire du small-talk, pour apprendre à nous connaître. Mais des fois, on ne se rend pas compte de toute la pression qui peut rimer avec ces questions et surtout avec le fait de ne pas avoir de réponse à celles-ci.

Qui, dans la vie, aime ça laisser une question en suspens? Laisser la case vide parce qu’on n’a aucune idée. Pire encore, parce qu’on a une idée, mais que par peur de savoir comment elle sera reçue, qu’on ne veuille pas la partager.

C’est ok. Je te le dis. Je nous le dis.

L’être humain a souvent horreur de l’espace, du vide, de ce qui n’est pas plein, de ce qui est incomplet, inachevé. Mais l’affaire, c’est qu’à force de vouloir tout remplir, ça crée de la pression puis, éventuellement, ça déborde… ou ça explose. La clé serait peut-être d’apprendre à vivre avec le silence, avec des fragments d’idées, de possibilités, sans chercher à forcer quoi que ce soit.

Apprendre à apprivoiser l’espace, pour se donner le temps de créer et de construire notre chemin en le bâtissant pierre par pierre avec ce dont on a vraiment envie. Il n’est pas question de paresse ni de démobilisation, au contraire. Il s’agit d’apprendre à vivre avec des morceaux d’incertitude en suspens. Descartes, s’il pouvait venir prendre le thé avec nous, serait sûrement d’accord avec le fait de dire : « je ne sais pas, donc je suis. »

C’est ok, dirait Descartes. C’est ok de ne pas savoir.

Ça nous rend humains. Profondément humains.

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